Les chiffres de l’emploi comme boussole

03/11/2023
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L’optimisme est de retour. Depuis que le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a affiché une apparente sérénité lors de sa conférence de presse de mercredi, au cours de laquelle il a annoncé le maintien des taux directeurs dans la fourchette de 5,25% à 5,5%, les opérateurs se montrent enthousiastes. Le Cac 40 s’est ainsi octroyé 1,85% hier, se rapprochant des 7.100 points. La tendance est la même de l’autre côté de l’Atlantique. Les marchés s’attendent d’ores et déjà à voir la banque centrale américaine procéder à des baisses de taux dans le courant d’année 2024.
UBS projette que le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans, actuellement de 4,6 %, tombe à 3,5 % d’ici à juin prochain. « La conjoncture d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine va créer un environnement favorable pour les marchés d’actions », assure ainsi Solita Marcelli, directrice d’investissement chez UBS Global Wealth Management. Pour autant, d’autres sont moins sereins. Le fonds K2 Asset Management prévoit ainsi, au contraire, une hausse du rendement des bons du Trésor à 5%. Un chiffre qui pourrait même grimper jusqu’à son plus haut niveau depuis 2007, à 5,25%, selon Franklin Templeton. Stephen Dainton, de Barclays, juge qu’il est « très peu probable » que la Fed en ait terminé avec sa politique de resserrement monétaire. La prudence reste de mise.

Un ralentissement outre-Atlantique
Alors que les inscriptions au chômage sont ressorties en hausse pour une sixième semaine consécutive aux Etats-Unis, les analystes ont tendance à penser que les travailleurs qui perdent leur emploi commencent à avoir du mal à en trouver un nouveau. Jerome Powell a, d’ailleurs, répété mercredi que les tensions sur le marché du travail restent trop fortes pour permettre de ramener l’inflation vers l’objectif de 2%. Le département américain du Travail publiera, à 13h30, son rapport sur les créations d’emplois dans le secteur non agricole pour octobre. Celui-ci devrait laisser se dessiner un net ralentissement, après les 336.000 créations d’emplois de septembre. Le consensus Bloomberg table sur 180.000 en octobre, soit le plus bas niveau depuis juin.
Le taux de chômage devrait être resté stable à 3,8%. Le salaire horaire moyen est, lui, attendu en augmentation de 0,3% sur un mois (contre +0,2% en septembre), mais la hausse devrait avoir ralenti de 4,2% sur un an en septembre à 4% en octobre, rythme le plus faible depuis juin 2021. Le rapport du département du Travail sera « critique », estime Priya Misra, gestionnaire de portefeuille chez JPMorgan Asset Management : « S’il fait état de faiblesses, les taux continueront de baisser, mais les conditions financières pourraient ne pas se relâcher davantage car une récession pourrait paraître imminente. S’il est solide, le marché surveillera nerveusement la réaction de la Fed. » Eurostat présentera à 11 heures les chiffres du chômage de septembre en zone euro, attendus stables à 6,4%.
Au chapitre des entreprises, on retiendra qu’Apple a levé le voile jeudi après la clôture de Wall Street sur un quatrième trimestre de baisse de facturations d’affilée. Une série jamais vue depuis 2001. La première capitalisation boursière mondiale a, de ce fait, bouclé son exercice 2023 avec un chiffre d’affaires de 383,3 milliards de dollars, en baisse de 3% sur un an. Même constat pour les bénéfices de la firme de Cupertino, qui s’inscrivent sur l’année en recul de 2,8%, à 97 milliards de dollars.
De ce côté de l’Atlantique, deux sociétés du Cac 40 ont publié. Axa a dévoilé jeudi soir un chiffre d'affaires conforme aux attentes, en progression de 2% à 78,8 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année. La hausse des primes de l’activité assurance dommages a été tirée par l'inflation. L’assureur, qui a confirmé ses objectifs annuels, n'a pas détaillé les chiffres du troisième trimestre.
Société Générale a, pour sa part, fait état ce vendredi avant l’ouverture une forte baisse de ses résultats au troisième trimestre sous l'effet de dépréciations d'actifs et d'un recul des revenus de sa banque de détail en France. Le résultat net de la banque a été divisé par cinq sur la période, à 295 millions d'euros. Le produit net bancaire, l’équivalent du chiffre d'affaires, a reculé de 6,2% au cours du trimestre, à 6,19 milliards d'euros. Le consensus anticipait 6,3 milliards.

Source Investir