Alors que le risque géopolitique, incarné par le conflit au Proche-Orient, a pris le dessus la semaine dernière (-3,2% pour le Cac 40 en rythme hebdomadaire) sur la solide santé de l’économie américaine, mise en avant par le dernier rapport sur l’emploi, publié vendredi dernier, les marchés s’avancent sans grand entrain vers une nouvelle saison de résultats trimestriels. « C'est peut-être assez lassant, mais les résultats du troisième trimestre des entreprises seront cruciaux pour l'évolution des marchés, écrivait récemment John Plassard dans une note. En effet, nous avons envie aujourd'hui d'entendre ce que pense l'économie réelle des inquiétudes des économistes, que cela soit au niveau économique, monétaire, politique ou encore géopolitique. En bref, y a-t-il lieu de s'inquiéter de la situation actuelle et de l'avenir proche ? », résume l’expert en investissement de Mirabaud. Les marchés mondiaux auront de premiers éléments de réponse, dès vendredi, avec les publications des grandes banques américaines que sont JP Morgan et Wells Fargo.
D’ici là, les investisseurs continueront de surveiller l’évolution de la situation au Proche-Orient, et les potentielles conséquences d’une nouvelle escalade du conflit régional sur les cours des matières premières notamment. A cet égard, ceux des principales références mondiales de pétrole brut ont reflué au cours du week-end, alors que les opérateurs essaient d’évaluer les représailles potentielles d’Israël contre l’Iran, après l’attaque de missiles lancée la semaine dernière Téhéran. Les Etats-Unis, qui jouent toujours un rôle crucial d’arbitre dans la région, ont appelé vendredi Tel-Aviv à ne pas bombarder les sites pétroliers iraniens en réponse, suggérant à Israël d’évaluer d’autres options.
Vers un atterrissage en douceur de l’économie américaine
Au-delà des tensions géopolitiques, les opérateurs de marché tenteront également d’évaluer les conséquences du dernier rapport sur l’emploi américain sur la conduite de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Solide, celui-ci a alimenté la thèse d’un « atterrissage en douceur » de l’économie américaine, qui parviendrait donc à éviter une récession. Les Etats-Unis ont en effet créé quelque 254.000 emplois en septembre, soit peu ou prou 100.000 de plus que ce à quoi s’attendaient les économistes, offrant ainsi un recul inattendu au taux de chômage, tombé à 4,1%. Conséquence directe : la probabilité d’une baisse de taux de 25 points de base de la Fed lors de sa prochaine réunion de politique monétaire, en novembre, est désormais évalué à 97% ce lundi matin selon l’outil FedWatch de CME Group. « Le marché aime les baisses de taux mais il ne les aime pas si elles sont dues à une réelle faiblesse de l'économie et à des craintes de récession […] Il aime les détentes qui s'accompagnent d'une économie sous-jacente positive, renforçant le scénario d'atterrissage en douceur », juge Josh Hirt, économiste chez Vanguard. Point positif pour les marchés : il semblerait bien qu’ils se trouvent, aujourd’hui, dans la deuxième configuration mentionnée par l’expert.
Bien que les prévisions d'une baisse des taux de la Fed se soient réajustées, « il reste encore beaucoup à faire », prévient toutefois Win Thin, responsable mondial de la stratégie des marchés chez Brown Brothers Harriman. Ce dernier rappelle que des données clés sur l’inflation américaine seront dévoilées cette semaine, en particulier les indices CPI pour le mois de septembre (jeudi à 14h30), et juge que celles-ci devraient contribuer à alimenter la théorie d’un atterrissage en douceur. Les opérateurs surveilleront également, mercredi, la publication des « minutes » de la Fed, soit le compte-rendu de sa dernière réunion de politique monétaire, afin d’en savoir plus sur les intentions des responsables de l’institution monétaire. Les « minutes » de son homologue européen, la BCE, seront dévoilées le lendemain, à 13h30. D’ici là, les marchés devraient commencer la semaine sur une note prudente.
Source Investir