Qui a dit qu’en août, la torpeur estivale l’emportait en Bourse ? 2023 pourrait faire mentir l’adage. Ce mois avait deux jours que déjà la baisse de la note des Etats-Unis par Fitch, une des trois grandes agences de notation, mettait le feu aux poudres sur les marchés obligataires. Ces derniers pourraient encore faire parler d’eux cette semaine, car le Trésor américain lance une série d’émissions d’échéances multiples pour un montant inédit de 103 milliards de dollars sur trois jours. La remontée des taux longs rend les opérateurs nerveux et provoque un mouvement de vente sur les titres jugés chers ou trop endettés. Hier, le rendement des obligations à 10 ans s’est toutefois un peu détendus, à 4,04%.
Lundi, les investisseurs commentaient toujours les chiffres ambigus de l’emploi américains publiés à la veille du week-end, quand, à la surprise générale, John C.Williams, le président de la Fed de New York, a déclaré dans une interview au New York Times qu’il n’excluait pas une baisse des taux au début de 2024, « en fonction des indicateurs économiques ». Après 11 remontées des taux depuis mars 2022, quelques experts se risquent à tabler sur un statu quo en septembre, mais peu de voix se sont élevées pour prédire un mouvement inverse dès l’an prochain. Certes, l’économie américaine a créé moins d’emplois que prévu en juillet, mais les salaires ne se décident toujours pas à baisser, preuve de la bonne santé du marché du travail. Il n’est donc pas très étonnant que d’autres membres de la Réserve fédérale tiennent des propos plus offensifs, à l’instar de Michelle Bowman, qui a déclaré lors d’un discours dans le Colorado que « la Fed devrait rester disposée à remonter encore les taux des fonds fédéraux si les données indiquent que les progrès en matière d’inflation sont au point mort ». Du coup, les indicateurs sur la hausse des prix en juillet, attendus jeudi, revêtiront une grande importance. L’indice « core » (hors éléments volatils) est attendu stable à + 4,8 % sur un an. En attendant, les marchés évaluent à 40 % la probabilité d’une douzième hausse avant la fin 2023.
Alors que les économistes jugent en grande majorité que l’économie américaine devrait connaître un « soft landing », d’autres sont moins optimistes. Dans sa dernière note, Aurel BGC rapporte une nette augmentation des défaillances, au deuxième trimestre, sur les prêts de bureaux, de centres commerciaux, de logements collectifs et d’hôtels.
En Chine, les derniers chiffres restent alarmants : les exportations en juillet ont chuté de 14,5% contre 12,5% attendu. Il s’agit du plus fort repli depuis 2020. Les importations ont aussi reculé (-12,4%). Depuis la levée tardive des restrictions de circulation post-Covid, la reprise de l’activité tarde à se concrétiser, ce qui laisse espérer un plan de relance de la part du gouvernement.
Le pétrole toujours haut
Sur le marché du pétrole, des tensions géopolitiques persistent alors que l’Arabie saoudite et la Russie ont annoncé la semaine dernière des réductions respectivement de production et d’exportation jusqu’à septembre pour soutenir les cours. Des attaques de missiles et de drones entre Russes et Ukrainiens en mer Noire où transitent environ 2 millions de barils de brut par jour et 1 million de barils de produits raffinés, selon Rystad Energy, risquent de perturber les approvisionnements. Le baril de Brent, qui a touché un pic depuis avril à 86,7$ dimanche soir, cotait 85,3$ ce matin. UBS, dans sa dernière note sur le pétrole, vise une fourchette de 85 à 90$ pour les prochains mois.
Du côté des valeurs, c’est aussi l’effervescence : samedi, Berkshire Hathaway, le véhicule d’investissement du célèbre Warren Buffet a annoncé des résultats record et hier, KKR a lancé l’offensive sur OHB, l’entreprise allemande de technologie spatiale, dont le cours s’est envolé de plus de 30% à Francfort.
Après la clôture de Wall Street, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de plusieurs banques régionales et a placé quelques grands établissements sous revue pour une éventuelle dégradation. Il s’agit notamment de Bank of New York Mellon. La note interne souligne des pressions croissantes sur la rentabilité du secteur bancaire au deuxième trimestre.
En Bourse, même en août, mieux vaut garder un œil sur son portefeuille.
Source Investir