La première grande préoccupation des investisseurs tient, bien sûr, aux tractations commerciales. L’accord obtenu par le Japon de surtaxes limitées à 15% (inférieur au niveau redouté de 25%) a été fêté hier en Bourse. Il a fait naître l’espoir que l’Europe puisse lui emboiter le pas. Donald Trump a repoussé la date butoir des négociations au 1er août et les discussions se poursuivent donc entre Bruxelles et Washington pour éviter une surtaxe de 30% sur les produits européens importés aux Etats-Unis, assortie d’une inévitable réplique musclée de l’Union sur les importations américaines. L’Europe pourrait-elle suivre le même chemin que le Japon ? Il a été calculé que des droits de douanes relevés de 10% amputeraient la croissance européenne de 0,3%. L’impact serait donc bien plus fort à 30% ! Pour l’heure, les marchés espèrent un accord, la rumeur évoquant un taux avantageux de 15%. C’est ce qui a soutenu Wall Street hier (nouveaux records du S&P et du Nasdaq).
Statu quo de la BCE attendu
Le deuxième sujet d’attention tient à la politique monétaire. Pas de suspense pour le grand rendez-vous du jour : la Banque centrale européenne, à l’issue du Conseil des gouverneurs, annoncera sa décision à 14h15. Malgré un contexte économique particulièrement difficile et une croissance européenne au ralenti, le marché n’attend aucun geste de détente. La dernière baisse des taux remonte eu 5 juin dernier et c’était le huitième allègement d’un quart de point depuis un an. Le taux de dépôt a ainsi été ramené de 4% à 2%. Pourquoi la BCE choisirait-elle le statu quo ? Pour la même raison qui pousse la Réserve fédérale américaine à jouer la montre, à savoir, la guerre commerciale. La Bourse sera donc attentive au discours de Christine Lagarde, la présidente de la BCE, à 14h45, pour essayer de savoir si une action serait possible dès le mois de septembre. Les autorités monétaires ne devraient agir qu’en cas d’échec des tractations commerciales. Il faudrait alors soutenir l’activité sur le Vieux Continent, la hausse des droits de douanes ayant un effet néfaste sur la croissance.
STMicroelectronics dépasse les attentes
Enfin, troisième sujet ô combien important surveillé par les marchés, la qualité des résultats des entreprises, alors que la saison des publications bat son plein. Si les profits sont au rendez-vous, la phase de « renaissance européenne » face à Wall Street qui s’est matérialisée au cours des deux premiers trimestres pourrait se prolonger. Christopher Dembik n’y croit pas beaucoup. « Le narratif sur les valorisations relatives peut séduire, mais les ancrages macroéconomiques de long terme continuent de s’effriter en Europe », estime le conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM, qui pointe la croissance déclinante en Europe, son retard structurel dans les secteurs technologiques et un cadre fiscal et réglementaire défavorable. De plus, il fait remarquer que 80% de la performance du Stoxx 600 jusqu’ici a été générée par seulement deux secteurs : le financier et les biens d’équipement (surtout la défense). Enfin, le stratège de la banque suisse fait remarquer que la force de l’euro risque de pénaliser de nombreux secteurs d’activité.
Ce matin, la Bourse va analyser les résultats de plusieurs ténors de la cote.
BNP Paribas, qui a annoncé un recul de 4% de son bénéfice au deuxième trimestre à 3,26 milliards, un niveau un peu supérieur aux attentes, attend malgré tout un profit annuel record de 12,2 milliards cette année grâce à la banque de détail et à Axa IM acquis le 1er juillet.
STMicroelectronics a affiché au deuxième trimestre un chiffre d’affaires net de 2,77 milliards de dollars, en baisse de 14,4%, très légèrement mieux que prévu (2,72 milliards) et il table sur un meilleur troisième trimestre, à 3,17 milliards (+ 14,6%).
Dassault Systèmes de son côté a aussi confirmé ses prévisions 2025 d’une croissance des facturations de 6% à 8% et d’une hausse du bénéfice par action de 7% à 10%, après une hausse de son chiffre d’affaires de 6% (à taux de change constant) au deuxième trimestre, à 1,52 milliard d’euros, mais un tassement de la marge opérationnelle à 29,3% contre 29,9% il y a un an.
Enfin, comme prévu, les profits de TotalEnergies ont fléchi au deuxième trimestre compte tenu d’une baisse de 10% des prix du brut sur la période. Le résultat net ajusté s’est établi à 3,6 milliards (-15%) et le cash-flow a reculé de seulement 5% à 6,6 milliards. Si elle a baissé de 2% sur le trimestre d’avril à juin, la production du semestre a grimpé de 3%, un rythme qui devrait être conservé au troisième trimestre, a indiqué la direction.
Source Investir