On l’appelle désormais la « guerre des puces ». Le conflit qui oppose les superpuissances américaine et chinoise vise, pour la première, à asseoir sa supériorité technologique, quand la seconde cherche à l’acquérir. Or les semi-conducteurs sont le nerf de la guerre sans lequel la victoire n’est pas envisageable. « Les Etats-Unis ont imposé le tempo du secteur. Il s’agit d’assurer la continuité de l’approvisionnement, à l’heure où le risque d’une invasion de Taïwan [où est installé le fondeur TSMC, qui dispose, selon TrendForce, d’une part de marché de 58 % à l’échelle mondiale] par la Chine existe. Leur second objectif est d’empêcher celle-ci d’accéder à des technologies avancées », relève Adel Ouederni, d’EY.
Les Etats-Unis ont banni dès 2018 des marques chinoises de télécoms de leur territoire, jugeant qu’elles constituaient un risque pour la sécurité nationale. Mais les événements ont pris une autre ampleur, alors que le pays use de son influence sur ses alliés – dont le Japon et les Pays-Bas – pour limiter la livraison de machines de production de semi-conducteurs à la Chine. Cette dernière n’a, pour rappel, produit que 15,7 % de sa demande sur son sol en 2021. L’année précédente, sa balance commerciale était déficitaire de 233,4 milliards de dollars dans ce domaine, selon les chiffres de l’Administration générale des douanes.
« Les Américains veulent empêcher les Chinois d’établir leur industrie », indique Stéphane Houri, d’Oddo BHF, qui estime toutefois que « ces mesures ne sont pas de nature à remettre en cause le nombre de puces produites dans le monde ». L’expert avance que seule la localisation de la production changera. « Les semi-conducteurs ne sont pas le textile : le coût de la main-d’œuvre compte pour très peu dans le prix de revient. » L’impact devrait être plus fort pour la Chine, qui va devoir se concentrer sur des puces de générations plus anciennes. De quoi « mettre l’accent sur l’électrification, plutôt que la miniaturisation ». Le pays organise sa contre-offensive. Il vient d’interdire à l’américain Micron Technology de vendre ses produits aux opérateurs d’infrastructures critiques.
Source Investir