Il flotte dans l’air un doux parfum de fin de hausse des taux, depuis la fin de semaine dernière sur les marchés financiers. Alors que la Banque centrale européenne a procédé au dixième relèvement consécutif de ses taux pour les porter à des niveaux historiques (4% pour celui de dépôt) mercredi dernier, la teneur des discours des responsables de l’institution monétaire laisse désormais penser aux investisseurs qu’il s’agissait du dernier resserrement de ce cycle particulièrement violent. Si l’inflation demeure supérieure à la cible fixée par l’autorité monétaire, « la BCE estime que ses taux ont atteint un niveau assez élevé qui, s’ils sont maintenus assez longtemps, conduiraiient sûrement l’inflation à 2% », juge Patrick Barbe, de chez Neuberger Berman. L’expert base entre autres son raisonnement sur la baisse des prévisions d’inflation à moyen terme dans les dernières projections économiques de la BCE, publiées la semaine dernière. Après la Commission européenne et la BCE, ce sera au tour de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) de rendre publiques ses nouvelles prévisions économiques ce mardi en fin de matinée (11 heures). La Réserve fédérale américaine (Fed) démarrera par ailleurs son marathon de deux jours pour statuer sur sa politique monétaire. Sauf surprise, elle annoncera mercredi soir qu’elle laisse inchangés ses taux directeurs. La détente de l’inflation sous-jacente en août, publiée jeudi dernier (à 4,3% sur un an), permet en effet d’espérer une telle pause. Pour les économistes, cela serait le signal que le haut du cycle de resserrement serait atteint après 18 mois de hausses de taux quasi-ininterrompues. Un œil sur le pétrole Si la Fed confirme, comme prévu, qu’elle marque une pause, cela aura encore plus d’impact sur les marchés que la décision de la BCE, d’autant que les investisseurs commenceront alors à se projeter vers un début de réduction de ces mêmes taux, qui pourrait intervenir dès le printemps prochain. D’ici à la décision de la banque centrale américaine et au discours de son président Jerome Powell, respectivement à 20 heures et 20h30 (heure française) ce mercredi, les opérateurs seront attentifs à l’évolution des cours pétroliers, alors que le baril de Brent flirte désormais avec le seuil des 95 dollars, au plus haut depuis novembre 2022. Cette flambée du pétrole attise de fait les pressions inflationnistes, au moment même où les banquiers centraux tentent de déterminer s'ils en ont déjà fait assez pour freiner le rythme de la hausse des prix. « L'attention devrait se porter sur la réunion de la Fed cette semaine, mais le resserrement croissant de l'offre (de pétrole) et l'érosion des stocks devraient continuer à soutenir le sentiment haussier », estime Vandana Hari, fondatrice de la société de conseil Vanda Insights, selon qui cette poussée de fièvre pourrait instiller un doute dans l’esprit des responsables monétaires. Ceux de la Banque d’Angleterre se réuniront également cette semaine pour décider (jeudi à 13h) de la trajectoire de leur politique monétaire. Et parmi les données à surveiller cette semaine, l’indice des prix à la consommation en zone euro en données définitives d’août. Sur le front microéconomique, la grosse actualité du jour vient de Bouygues, qui a annoncé ce matin son intention de déposer un projet d'offre publique de retrait suivie d'un retrait obligatoire visant les titres de Colas, sa filiale spécialisée dans les travaux publics, au prix de 175 euros par action. Cette offre, payable exclusivement en numéraire, correspond à une prime de 54,2% sur le cours de bourse de Colas à la clôture du 15 septembre 2023. Source Investir |