Pas de gros enjeu pour cette séance de mardi. La Bourse n’aura que l’inflation (finale pour août) en zone euro à se mettre sous la dent. Le chiffre (5,3% attendu, soit inchangé sur un an) apparaîtra encore bien vif, au regard du mauvais état de santé de l’économie. Depuis l’annonce début septembre par l’Arabie saoudite et la Russie de leur volonté de prolonger la restriction de leur production, le prix du baril n’a pas cessé de progresser et le cours a dépassé brièvement ce matin les 95$, une épine dans le pied des banquiers centraux. Cette statistique devrait néanmoins passer assez vite au second plan, car les investisseurs ont bien vu que la lutte contre l’inflation restait la priorité de Christine Lagarde, la présidente de la BCE. Après le dixième relèvement en 14 mois (taux de dépôt à 4% au plus haut depuis la création de l’euro), c’est le statu quo qui devrait prévaloir désormais (même si une dernière hausse en 2023 n’est pas exclue) et il ne fait aucun doute que le niveau des taux restera élevé très longtemps. En se montrant pragmatique, la BCE marche dans les pas de la Fed. Elle décidera de la route à suivre en fonction des données économiques à venir. Il est donc inutile d’imaginer une date précise pour le moment où la politique monétaire européenne redeviendra plus accommodante.
Le ton devrait rester « faucon »
Le jour le plus crucial de la semaine sera donc mercredi. La réunion du comité de la Réserve fédérale, qui commence aujourd’hui, se poursuivra demain et les annonces seront faites en fin de journée. A priori, pas de suspense, la Fed devant choisir l’immobilisme, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’agira pas un peu plus tard dans l’année. Là aussi, tout va dépendre de l’évolution de la conjoncture. L’accélération de la croissance américaine au troisième trimestre a surpris tout le monde, mais cela ne devrait pas durer. Plusieurs économistes parient sur un prochain atterrissage en douceur, dans le sillage de la consommation des ménages, attendue moins dynamique (les chiffres parus vendredi sur la confiance des consommateurs étaient inférieurs aux attentes). Les licenciements ont commencé à augmenter au mois d’août et devraient continuer à grimper. Les grandes banques comme Goldman Sachs et Morgan Stanley ont annoncé des plans de réduction d’effectifs afin d’abaisser leurs coûts et Citigroup devrait faire de même dans le cadre de sa restructuration. Il n’empêche. Il faut que le « ton » de la Fed demeure « faucon » pour qu’elle ne perde pas en crédibilité.
Par ailleurs, quelques événements dans le monde figurent sur les radars des boursiers. Il s’agit de la grève dans l’automobile aux Etats-Unis, qui pourrait s’amplifier si de meilleures propositions pour les salariés n’étaient pas faites.
Attention aussi au mouvement social dans les usines de GNL de Chevron en Australie (5% de l’approvisionnement mondial), qui pourrait se prolonger en octobre.
Enfin, des poursuites ont été engagées par l’Etat de Californie (une plainte au civil a été déposée à la veille du week-end), contre cinq des plus grosses compagnies pétrolières mondiales (ExxonMobil, Shell, BP, ConocoPhillips et Chevron), au motif qu’elles auraient causé des milliards de dollars de dégâts climatiques. Depuis les années 50, elles auraient aussi intentionnellement minimisé, aux yeux de l’opinion publique, les risques pour la planète de l’exploitation des énergies fossiles.
Puisque nous évoquons les compagnies pétrolières, TotalEnergies mérite le coup d’œil : le titre approche du plus haut historique de 63,39 euros, touché en juillet 2007. Cette bonne tenue, qui s’explique en grande partie par l’envolée récente des cours du baril, incitera-t-elle le PDG Patrick Pouyanné à se montrer plus offensif en matière d’énergies renouvelables, lors de la prochaine « journée investisseurs » ? Réponse le 27 septembre. Enfin, la société de sismique CGG a profité hier en Bourse (+6,5%) d’un mouvement de consolidation dans le secteur : le groupe norvégien Petroleum Geo-Services (PGS) a accepté la proposition d’achat, pour 860 millions de dollars, de son homologue TGS. CGG avait un temps été convoité par Technip, avant que ce dernier ne convole avec l’américain FMC.
Source Investir