Les marchés se heurtent à la détermination de la Réserve fédérale. Si la banque centrale américaine a, comme attendu, maintenu mercredi les taux d'intérêt à leurs niveaux actuels, elle a revu ses prévisions économiques et indiqué que les taux resteraient élevés l'année prochaine, douchant les espoirs d'un virage plus accommodant dans sa politique avant 2025. « Avec des taux d'intérêt élevés plus longtemps, il y a davantage de pressions sur l'économie, a commenté auprès de Reuters Thomas Martin, gestionnaire de portfolio chez Globalt. Cela pourrait faire dire aux gens que le temps de latence des taux élevés, que nous commençons à peine à ressentir, pourrait vraiment faire mal. »
D'après des données publiées hier, les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis ont reculé à un plus bas de huit mois, renforçant la vision de la Fed selon laquelle le marché du travail reste très tendu et l'économie assez résiliente pour supporter sur la durée des taux d'intérêt élevés. Les projections du « dot plot » montrent que 12 des 19 membres du comité de politique monétaire penchent pour une hausse supplémentaire des taux d’intérêt cette année. Ces responsables anticipent aussi que le loyer de l’argent sera ramené à 5,1% fin 2024, contre 4,6% estimé en juin.
Ce qui incite Jerome Powell à projeter un « atterrissage en douceur ». Malgré ces propos se voulant rassurants, le ton plus agressif que prévu du président de la Fed a provoqué un vif reflux des bourses mondiales ce jeudi, et en particulier des valeurs de croissance traditionnellement plus sensibles à l’évolution des taux. Le Cac 40 a terminé en baisse de 1,59%. Les principaux indices de Wall Street ont également encaissé le coup – Dow Jones, S&P 500 et Nasdaq Composite ont perdu 1,08%, 1,64% et 1,82%, respectivement. La tendance pourrait se poursuivre ce vendredi, qui a néanmoins vu la Banque du Japon maintenir sa politique monétaire ultra-accommodante, malgré l'inflation dans le pays qui demeure largement au-delà de sa cible de 2% et la faiblesse du yen par rapport au dollar.
Prendre le pouls de l’activité
Les indices préliminaires PMI HCOB, qui seront dévoilés dans la matinée pour la zone euro, permettront de prendre le pouls de l’activité dans les secteurs manufacturier et des services. En août, ils avaient lourdement chuté sous l’impact de la hausse des taux et du coût élevé de la vie. L’indice des services avait basculé sous le seuil des 50, qui sépare la zone de contraction de la phase d’expansion de l’activité, s’affichant à 47,9, contre 50,9 en juillet. Pour septembre, le consensus Bloomberg n’est guère optimiste, en raison de la remontée des prix du pétrole : il anticipe un nouveau tassement de l’indice PMI des services à 47,8 en zone euro, dont 46 en France et 47,4 en Allemagne.
Le secteur industriel est, lui, entré en zone de forte contraction. L’indice PMI manufacturier de la zone euro est attendu à 44 au titre de ce mois, dont 46,2 en France et 39,5 en Allemagne. De l’autre côté de l’Atlantique, le « PMI des services avait nettement baissé en août (-1,8 point), mais un signal opposé venu de l’enquête ISM a brouillé le message, souligne la banque Oddo BHF. Dans l’industrie, la faiblesse est bien établie. Au total, le climat des affaires est consistant, avec une économie qui ralentit graduellement, mais reste en croissance. » L’indice PMI manufacturier est attendu à 47,9 en septembre, comme en août, tandis que le PMI des services devrait grappiller 0,1 point, à 50,6.
Source Investir