Fed : vers une baisse des taux. Pour Oddo Bhf et Bank of América G.R il faut s'intéresser au bilan de la Banque Centrale

10/12/2025
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La Réserve fédérale américaine rend (enfin) sa décision de politique monétaire ce mercredi 10 décembre dans la soirée, après la clôture des marchés européens. Ce sera à 20 heures très précisément pour ce qui est du verdict en lui-même. Sur le sujet, le suspense est nul ou presque. Il est quasiment acquis que la banque centrale réduira d'un quart de point son loyer de l'argent pour le ramener dans la fourchette de 3,5 à 3,75%. Après de dernières statistiques montrant que le marché de l'emploi se dégrade de mois en mois tandis que l'inflation paraît mieux maîtrisée et sans réel impact des droits de douane, la probabilité d'une telle détente est désormais bien calée à des niveaux élevés, de près de 90% selon l'outil FedWatch développé par CME Group à partir des contrats sur Fed funds.

Alors, d'où peut venir l'incertitude qui pourrait mettre à mal les espoirs d'un rally de fin d'année ? Tout d'abord du niveau de dissension qui sera mesuré entre les membres du comité de politique monétaire (FOMC). « Il est peu probable que la décision soit unanime, avec des dissidences anticipées tant de la part des faucons que des colombes, soulignait en début de semaine Jim Reid, chez Deutsche Bank. Si quatre ou plus ne sont pas sur les rangs, ce serait la plus grande rupture depuis 1992 ». Ce qui pourra aussi se mesurer dans le « dot plot », graphique à points qui rassemble les anticipations des membres de la Fed en matière de taux d'intérêt pour les deux prochaines années, présenté lui aussi à 20 heures.

Combien de baisses de taux en 2026 ?

Dans la livraison de septembre, il était attendu une nouvelle détente d'un quart de point en 2026 et une autre l'année suivante. Pour les analystes de Bank of America Global Research, il y aura deux baisses de taux en 2026, alors que certains espéraient même il y a quelques semaines encore que le total soit porté à trois en cas d'arrivée de Kevin Hassett, l'actuel conseiller économique de la Maison Blanche et proche de Donald Trump - donc avec une optique très accommodante de la politique monétaire américaine - pour remplacer Jerome Powell à compter de la fin de son mandat en mai prochain.

BofA Global Research s'attend par ailleurs à une action sur le bilan de la banque centrale plus agressive que prévu. Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo BHF, expliquait déjà le mois dernier que « le dégonflement du bilan (QT) approche d'un point où le niveau des réserves bancaires risque d'être insuffisant, causant des tensions sur le prix de la liquidité. Pour remédier à la volatilité des taux [de marché], la Fed sera amenée d'ici peu à augmenter ses achats de titres du Trésor. Rien de comparable avec une opération de QE (type 2008 ou 2020), mais des investisseurs pourraient y voir le signe d'un Fed put ». D'un nouveau QE (achats massifs par la banque centrale sur des obligations d'Etat, créant ainsi de la monnaie), certains en parlent d'ailleurs, dès ce début d'année 2026, ou à défaut, d'un équivalent d'un « Twist » tel qu'opéré en septembre 2011, opération qui consiste à vendre des bons du Trésor d'échéance court terme pour racheter des obligations à maturité plus éloignée, ce qui comprime les taux à long terme et injecte, de fait, plus de liquidités dans l'économie.

Dans l'attente de ce rendez-vous majeur, les opérateurs n'ont pris aucune initiative à New York, les grands indices évoluant entre une baisse de 0,4% pour le Dow Jones et une hausse de 0,1% pour le Nasdaq Composite. A Paris, les contrats futures sur Cac 40 laissent entrevoir une ouverture en léger repli.

Parmi les quelques rendez-vous du jour, on notera que Christine Lagarde intervient à la mi-journée lors d'un événement organisé par le Financial Times. En Chine, on attendait les chiffres de l'inflation pour le mois de novembre. Les prix à la consommation ont augmenté de 0,7%, en phase avec les attentes du consensus, après +0,2% en octobre.

Source Investir