Après cinq séances consécutives de baisse à Paris, et globalement en Europe, peut-on espérer un rebond aujourd’hui ? … Pas évident, tant la séquence en cours semble de celles où chaque tentative est aussitôt contrariée par un courant d’opinions contraires, comme l’a illustrée la séance en dents de scie d’hier à Wall Street. Les principales Bourses européennes sont attendues mitigées à l’ouverture, alors que la Réserve fédérale américaine martèle son message restrictif. Les indications disponibles indiquent que le Cac 40 déclinerait de 0,15% dans les premiers échanges. Prudence donc, d’autant plus justifiée que les autorités monétaires américaines ont encore des choses à dire : Austan Goolsbee, président de la Réserve fédérale de Chicago, doit s'exprimer à 13h00 GMT, tandis que Jerome Powell, le président de la Fed, interviendra à 20h00 GMT.
Certains voudraient miser sur un quatrième trimestre favorable aux actions en s’accrochant à des signes de dynamisme. Des données publiées dans la journée d’hier ont montré que les commandes manufacturières aux Etats-Unis ont progressé en août, tandis que les dépenses des entreprises en équipements semblent marquer un rebond après le creux observé en début de trimestre. En Chine, les données sur les profits du secteur industriel pour les huit premiers mois de l’année suggèrent que les mesures de soutien mises en œuvre par le gouvernement sont peut-être en train de produire leurs effets bénéfiques sur la deuxième économie mondiale.
Un plus haut de 16 ans
Au même moment, les rendements des bons du trésor américain à 10 ans, portés à 4,61%, touchent un plus haut de 16 ans, toujours dans le sillage de la réunion de la Fed, qui a suggéré il y a une semaine que les taux d'intérêt resteraient élevés plus longtemps que prévu. La santé du dollar, à un niveau record depuis 10 mois -qui s’apprécie lorsqu’est attendue une hausse des taux d’intérêt- en dit long sur la psychologie des marchés : on anticipe un environnement monétaire qui restera dur et pour longtemps, diminuant d’autant la probabilité d’un atterrissage en douceur de l’économie mondiale.
Cela débouche sur un problème d’attractivité. La hausse des taux fait baisser le prix des obligations, certes, mais en période de ralentissement de l’activité, les investisseurs préfèrent un honnête coupon obligataire, relativement bien sécurisé, à un dividende incertain et offrant un faible rendement. « Pendant la première partie de l’année, les actions ont offert de belles performance en dépit de la hausse des taux d’intérêt, parce que la croissance et les prévisions de résultat étaient également orientées à la hausse, estime Emmanuel Cau, directeur de la stratégie des actions européennes chez Barclays, dans des propos rapportés par le Financial Times, mais l’attractivité des actions a tendance à se réduire par rapport à celle des obligations, en même temps que les investisseurs intègrent l’idée de taux plus élevés et pour plus longtemps, avec un risque plus grand pour l’activité économique.»
Du côté des valeurs, on surveillera le secteur des concessions (Vinci et Eiffage) et des compagnies aériennes, après la déclaration de guerre juridique lancée hier soir par Vinci en réponse aux projets de taxation des autoroutes et des aéroports envisagée par le gouvernement, qui coûterait 260 millions d’euros au groupe sur la base de son chiffre d’affaires 2022.
A suivre également Bénéteau, dont les résultat semestriels débouchent sur un relèvement de prévision de la marge opérationnelle sur l’année, à 12% contre 11,5% précédemment. Mais le groupe prévoit un ralentissement en 2024.
Les cours du brut s’approchant des 100 dollars le baril sont un motif de s’intéresser par ailleurs à TotalEnergies, plus forte hausse de l’indice hier après avoir annoncé son intention de relever ses objectifs de production de pétrole et de gaz ainsi qu’un programme de rachat d’actions de 9 milliards de dollars.
Source Investir