L’inflation jette le flou sur la prochaine décision de la Fed

13/10/2023
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Les investisseurs ont des sueurs froides. En septembre, l'inflation a été un peu plus élevée que prévu aux Etats-Unis, ressortant à 3,7% sur un an, contre un taux de 3,6% anticipé. Il n’en fallait pas plus pour raviver les craintes, même si l’inflation de base (hors alimentation et énergie) a légèrement décéléré, de 4,3% à 4,1%, en ligne avec le consensus. Pour Fabien Ielpo, de Lombard Odier Investment Managers, « une minorité de composantes de l’inflation a augmenté en septembre, mais les éléments en hausse jettent un doute sur le succès des mesures de resserrement de la Réserve fédérale ».
L’expert en macro-économie, qui relève que « l’inflation des logements et des biens et services de loisirs est plus élevée qu'en août en glissement mensuel », estime ainsi que ce rapport « repousse le scénario angélique des marchés selon lequel la situation ‘high for longer’ [des taux d’intérêt hauts plus longtemps] suffirait à mettre fin à l'inflation aux États-Unis ». La Fed est face à un dilemme. Ses taux d’intérêt sont, depuis fin juillet, compris entre 5,25% et 5,5%. Du jamais-vu depuis janvier 2001. L’institution procédera-t-elle à un énième relèvement ou attendra-t-elle d’évaluer les effets des précédents ?
Selon l’outil FedWatch de CME Group, les traders évaluent encore à une très large majorité (92%) la probabilité d’un statu quo lors de la décision de politique monétaire du 1er novembre. La banque centrale américaine a néanmoins fait savoir à de nombreuses reprises ces derniers mois qu’elle se laisse des marges de manœuvre, d’autant plus que l’inflation pourrait rester à des niveaux élevés pendant un certain temps. « C’est plus facile d’être hawkish quand la croissance économique est forte et d’ajuster [les taux] si nécessaire, plutôt que d’être dovish alors que l’inflation pourrait refaire surface », a averti sur Bloomberg TV Nadia Lovell, stratégiste chez UBS Global Wealth Management.

Les banques ouvrent le bal des résultats trimestriels outre-Atlantique
Ce vendredi, les opérateurs surveilleront un certain nombre de données. Eurostat publiera à 11 heures la statistique de la production industrielle dans la zone euro en août. Elle devrait s’être légèrement reprise, avec une hausse de 0,1%, après une contraction de 1,1% en juillet, la plus forte depuis mars. « Les premiers chiffres nationaux (France : -0,3%, Espagne : -0,8%) pointent vers le bas, confirmant le signal du climat des affaires. Sauf surprise irlandaise, l’agrégat européen devrait de nouveau diminuer à un rythme rapide au troisième trimestre », préviennent les experts d’Oddo BHF.
Outre-Atlantique, le principal rendez-vous est fixé à 16 heures avec la première estimation de l’indice de confiance du consommateur de l’Université du Michigan pour le mois d’octobre. Une légère dégradation est attendue à 67,1 points, contre 68,1 en septembre. « Le shutdown a été évité, et les prix de l’essence ont rebaissé depuis la mi-septembre. De bonnes nouvelles pour les ménages, mais le moral reste grevé par la mémoire du choc d’inflation de 2021-2022. Même si les créations d’emplois restent robustes, il y a des signes de ralentissement des gains salariaux », prévient Oddo BHF. A noter que la composante des anticipations d’inflation à un an devrait, par ailleurs, s’être maintenue à 3,2%.
Au chapitre des entreprises, les banques ouvrent le bal des publications trimestrielles aux Etats-Unis – qui s’étalera sur plus de trois semaines. Citigroup, JPMorgan Chase et Wells Fargo doivent dévoiler leurs comptes avant l’ouverture de Wall Street. Après la chute de Credit Suisse et la crise des banques régionales américaines du printemps dernier, le secteur sera donc surveillé de très près ce vendredi. Le gérant d’actifs BlackRock et l’assureur UnitedHealth Group sont aussi sur les rangs.

Source Investir