Le vif rebond (+ 3,7%) du Cac 40 après six semaines consécutives de baisse a fait long feu. Les données alarmantes sur la situation économique en Europe publiées hier ont douché les investisseurs et fait passer au second plan l’optimisme à propos de la future politique monétaire américaine. A Wall Street, la fête n’est pas finie : après sa meilleure semaine depuis octobre 2022 (+ 5%), le Dow Jones a encore légèrement progressé hier.
La mauvaise santé de l’Europe offre un contraste saisissant avec la situation aux Etats-Unis, où un scénario « d’atterrissage en douceur » est plutôt privilégié. Les dernières données conjoncturelles de la zone euro (indice PMI HCOB des directeurs des achats du secteur non manufacturier) ont montré une dégradation en octobre. Certains économistes préviennent que le PIB de la zone euro risque de fléchir au dernier trimestre. Cette possible récession pourrait mettre à mal les profits des entreprises européennes en 2024. D’où le retour à une certaine prudence des investisseurs.
Vers une baisse des taux en 2024 ?
Rien de tel outre-Atlantique. L’incroyable dynamisme des Etats-Unis après dix relèvements de taux inquiétait même Wall Street. Or, il semble que l’heure du ralentissement a sonné. Les chiffres mensuels sur l’emploi publiés vendredi ont montré une quasi-division par deux des créations de postes d’un mois sur l’autre. Si ce fléchissement devait se traduire par une nouvelle décrue de l’inflation, la Fed mettrait sans nul doute un point final à sa politique restrictive. Les plus optimistes entrevoient même une première baisse des taux aux Etats-Unis avant l’été 2024. Sur le marché obligataire américain, cette anticipation s’est traduite par une nette détente des rendements, celui du 10 ans américain revenant à 4,64% contre plus de 5% il y a dix jours.
Toutefois, il ne faut pas crier victoire trop tôt. La guerre contre l’inflation n’est pas encore gagnée et les prochains chiffres sur la hausse des prix seront scrutés avec attention. A cet égard, les opérateurs gardent un œil sur les cours du pétrole et le conflit au Proche-Orient. Un mois jour pour jour après le terrible attentat meurtrier du Hamas en Israël, les combats dans la bande de Gaza restent intenses et, comme les otages n’ont toujours pas été libérés, les pourparlers en vue d’une résolution politique du conflit ne peuvent pas aboutir. Cela dit, une implication d’autres puissances arabes ne semble pas, pour le moment, être un scénario à retenir, après le discours, vendredi dernier, du chef du « Parti de Dieu » Hassan Nasrallah. Le marché pétrolier reste le véritable baromètre de la situation dans cette partie du monde et les prix se sont un peu détendus, revenant de 93,8 $ le 19 octobre à 84,3$ ce matin. Autre preuve de cette détente, sur le marché future, le prix des options pour se protéger d’une baisse des cours du brut est en train de remonter.
Teleperformance abaisse, Capgemini confirme, Engie relève
Autre mouvement intéressant à observer : plus de 1.100 milliards de dollars a été déversé au cours des deux dernières semaines sur les marchés émergents, selon Bloomberg, preuve que les opérateurs retrouvent de l’appétit pour les actifs risqués. « La croissance » a été privilégiée par rapport à la « value ».
Sur le front des trimestriels, la saison va bientôt s’achever. La semaine sera toutefois encore riche en publications, avec notamment Teleperformance (après Bourse hier), Capgemini et Engie ce matin. Le gestionnaire de centres d’appels a de nouveau abaissé sa prévision de croissance organique annuelle à « environ 6% » contre « de 6% à 8% » précédemment, après une performance trimestrielle légèrement inferieure aux attentes. A l’inverse, Capgemini a confirmé ses objectifs pour 2023 (croissance du chiffre d’affaires entre 4% et 7%), malgré un troisième trimestre impacté par des effets de change négatifs. Les ventes ont fléchi de 1,3% à 6,48 milliards d’euros (+6% à taux de change et périmètre constants). Enfin, Engie a relevé ses attentes pour 2023 et vise désormais un résultat net récurrent part du groupe compris entre 5,1 et 5,7 milliards d’euros contre une précédente fourchette de 4,7 à 5,3 milliards. Sur les neuf mois à fin septembre, le chiffre d’affaires a fléchi de 10,9% mais l’Ebitda (hors nucléaire) a progressé de 12%.
Source Investir