Après trois semaines consécutives de rebond, le Dow Jones a poursuivi sur sa lancée hier, grâce à l’effervescence autour de l’intelligence artificielle qui a dopé Microsoft (+2%) et Nvidia (+2,7%).
La semaine s’est ouverte dans un environnement moins anxiogène qu’il y a huit jours. Depuis que la preuve a été apportée du ralentissement de l’inflation américaine (l’indice « core », calculé hors alimentation et énergie, est revenu à 4% en octobre contre 4,1% un mois plus tôt), la Bourse s’est emballée et a même daté la future baisse des taux de la Fed au mois de mai 2024. « Les marchés ont réagi de façon épidermique et exagérée car l’objectif des 2% est encore loin », a commenté Alexandre Baradez. « Le rendement de l’emprunt à 2 ans a connu son plus fort recul depuis mars 2020, au moment du stress bancaire ». Le responsable de l’analyse marchés chez IG France trouve cette réaction obligataire un peu dangereuse et explique pourquoi : lorsque les taux à long terme étaient plus hauts, les conditions financières demeuraient tendues, évitant à la Fed de donner un nouveau tour de vis sur les taux courts. Le danger avec cette chute rapide des rendements des emprunts d’Etat, c’est de rendre la situation de la Fed très inconfortable. Si à cause de cette détente, l’inflation repartait à la hausse, la banque centrale serait forcée de relever à nouveau les Fed funds (ils sont actuellement dans la fourchette des 5,25%-5,50%). Plusieurs de ses membres se sont exprimés vendredi après-midi pour rappeler que la guerre contre la hausse des prix n’était pas finie. « Les attentes obligataires ne doivent pas aller plus vite que la musique », avertit Alexandre Baradez.
La consommation au centre du jeu
Par ailleurs, Wall Street a analysé les dernières données conjoncturelles et en a conclu que les Etats-Unis amorçaient un atterrissage en douceur. Tout va dépendre de la consommation, véritable moteur de la croissance outre-Atlantique. Or, le directeur financier de Walmart a indiqué la semaine dernière que les clients regardaient davantage à la dépense depuis trois semaines. La fête familiale de Thanksgiving, jeudi (Wall Street fermé) et le Black Friday (ouvre pour une demi-séance), vendredi, donneront le top départ des courses de Noël. En cas de tassement, le marché pourrait très vite s’inquiéter à propos d’une éventuelle récession. Sans parler d’une déflation qui serait fatale aux marges des entreprises. Aujourd’hui, les mauvaises nouvelles économiques sont des bonnes surprises pour la Bourse, mais demain, cela pourrait changer. En attendant, ceux qui s’intéressent aux statistiques historiques seront ravis d’apprendre que la semaine de Thanksgiving est souvent positive pour le S&P 500 : depuis 1950, l’indice a progressé 49 fois sur 72 selon Mirabaud Equity Research.
Dans l’agenda du jour, plusieurs résultats trimestriels américains seront scrutés, à commencer par celui du géant des puces et cartes graphiques Nvidia (après Bourse). On va aussi prendre connaissance à 20 heures du compte rendu du dernier comité de politique monétaire de la Réserve fédérale. Les cours du pétrole resteront observés : ils sont repassés au-dessus de 80$ pour le Brent, après quatre semaines consécutives de repli.
Enfin, Christopher Dembik, lui, pointe un risque politique à moyen terme. Le nouveau conseiller en stratégie d’investissement de Pictet AM a lu le programme de Donald Trump (il est possible qu’il redevienne président) et ce n’est guère réjouissant : ce dernier vise une augmentation des énergies fossiles, une guerre commerciale contre la Chine (fin des importations d’acier et de produits pharmaceutiques) et une hausse de 10% des taxes douanières sur toutes les importations. « Ces idées pourraient provoquer l’émoi des investisseurs », a conclu l’expert dans sa note.
Source Investir