Moins d’appétit pour le risque

05/12/2023
Thumbnail [16x6]

Après trois séances dans le vert, le marché parisien a marqué le pas hier, une juste respiration compte tenu du score du mois de novembre. L’EuroStoxx 50 est en hausse de 16,4% cette année, un peu moins bien que le S&P 500 (+18%). A ce stade, les valorisations des actions européennes demeurent malgré tout très basses (12,3 fois) par rapport à celles des Etats-Unis (21 fois), nous informe BDL Capital Management.
Après le festin du mois dernier, peut-on encore tabler sur un rally de fin d’année pour les actions ? Pas pour le moment. On a plutôt l’impression qu’il a eu lieu avant l’heure, d’autant que les obligations, qui offrent de bons rendements, remplacent de plus en plus les actions dans les portefeuilles. Les investisseurs ont moins d’appétit pour le risque, même s’ils affichent des convictions plutôt favorables à la Bourse : les taux d’intérêt ne seront plus relevés (prochain comité de la Réserve fédérale les 12 et 13 décembre) et ils seront abaissés en 2024. Pourtant, Jerome Powell s’évertue à indiquer, dans toutes ses prises de parole, que la guerre contre l’inflation n’est pas gagnée (le CPI « core » est à 4%, soit deux fois l’objectif de 2%), que les Fed funds vont « rester élevés pour longtemps » et qu’il est prématuré de parier sur une politique monétaire moins restrictive. Mais le marché n’écoute pas. La probabilité jouée par Wall Street pour un premier abaissement au mois de mars est de 60%. Même scénario en Europe. Les discours de Christine Lagarde, la patronne de la BCE, sont tout aussi « faucons » (prochaine réunion du conseil des gouverneurs le 14 décembre), mais les investisseurs sont persuadés que les taux seront abaissés l’année prochaine.
Une pluie de chiffres au menu du jour
Le marché attend néanmoins les nombreuses statistiques conjoncturelles à venir cette semaine pour affiner l’agenda des futures baisses de taux. Aujourd’hui, ils auront droit à une pluie d’informations venues de tous horizons, dont les fameux indices PMI des directeurs des achats du secteur non manufacturier pour novembre. Celui de la Chine ce matin a révélé une accélération. Ensuite, on prendra connaissance de celui pour la zone euro, le Royaume-Uni, le Brésil et les Etats-Unis. Ils seront assortis de données ponctuelles, comme les prix à la production de la zone euro ou l’enquête Jolts sur les offres d’emplois d’octobre aux Etats-Unis.
Les opérateurs lèvent aussi le pied avant la donnée phare de la semaine, l’emploi américain pour le mois de novembre, qui sera révélée vendredi. Pour Christopher Dembik, le conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet, les créations d’emplois ont agréablement surpris jusqu’ici du fait d’une dynamique positive dans l’éducation, la santé, les loisirs et le secteur public. Mais cela ne devrait pas durer. « Les créations de postes devraient progressivement revenir vers les 100.000 par mois en 2024. C’est un niveau cohérent avec le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine », indique-t-il dans sa dernière note de conjoncture.
Sur le marché du pétrole, l’heure est à la détente. Le prix du baril de qualité Brent vient juste de repasser sous les 78 $. L’accord de façade conclu il y a huit jours par l’OPEP+ ne fait pas illusion, car il ne va pas assez loin, compte tenu du ralentissement économique mondial qui se profile en 2024. Seules l’Arabie saoudite (restriction d’1 million de barils par jour maintenue jusqu’à la fin du premier trimestre) et la Russie (prolongation des coupes) sont apparues déterminées. Les autres ont fait des propositions plus timides, car ils préfèrent continuer à produire pour faire rentrer plus de devises dans leur pays.
Sur le front des entreprises, le flux des publications s’est tari. Néanmoins, on regardera les résultats semestriels du groupe de loisirs Compagnie des Alpes, affectés par la flambée des coûts de l’énergie. Abeo (équipements de sport) et Catana (fabricant de catamarans) annonceront leurs comptes annuels. Par ailleurs, les salariés de Casino, inquiets des rumeurs selon lesquelles le groupe en difficultés financières serait en passe d’être démantelé, débutent un mouvement de grève.