Après avoir aligné une cinquième semaine consécutive de hausse pour la première fois depuis avril et établi de nouveaux records historiques, tant en séance (7.654 points jeudi) qu’en clôture (7.596,91 points vendredi), le Cac 40 peut-il aller chercher de nouveaux sommets en cette fin d’année 2023 ? Aidés en ce sens par la Fed, qui a ouvert la voie à trois hausses de taux l’année prochaine, les marchés mondiaux tenteront ces prochains jours d’y voir plus clair sur l’assouplissement monétaire auquel les banques centrales procéderont en 2024. Il s’agit, ici, pour les investisseurs, d’anticiper correctement le futur nombre et l’ampleur des baisses de taux à prévoir dans les douze prochains mois.
Car après être montés aux cieux en milieu de semaine dernière après le discours accommodant de Jerome Powell, les principaux indices mondiaux ont été ramenés à un peu de raison par d’autres banquiers centraux, à commencer par John Williams, de la Fed de New York, qui a indiqué vendredi que les baisses de taux n’étaient « pas un sujet de discussion pour l’instant au sein du comité de politique monétaire ». Comme pour calmer encore davantage les ardeurs des investisseurs, ses homologues de la Fed d’Atlanta et de Chicago, Raphael Bostic et Austan Goolsbee, en ont remis une couche au cours du week-end, provoquant le reflux matinal des indices asiatiques (voir ci-après). Le premier a en effet déclaré à Reuters s’attendre à seulement deux baisses de taux en 2024, ajoutant que celles-ci ne commenceraient pas avant le troisième trimestre selon lui, quand le second a jugé « exagéré d'envisager des baisses de taux tant que les autorités ne sont pas convaincues que l'inflation est sur une trajectoire inférieure à son objectif ».
Partie de poker-menteur entre marchés et banquiers centraux
Pour aller encore plus haut, les marchés auront donc besoin d’obtenir des preuves, cette semaine, que les prises de parole restrictives de plusieurs membres de la Fed sont déplacées. « Le risque est que les conditions financières partout dans le monde se révèlent finalement meilleures que prévu, ce qui induirait davantage de croissance et d’inflation », donc une politique monétaire plus restrictive qu’actuellement anticipé par les marchés en 2024, explique Bob Savage, de chez BNY Mellon Capital Markets. « Une baisse des prix à la consommation (indice « PCE core », très surveillé par la Fed, publié vendredi à 14h30) et des révisions plus faibles du PIB au troisième trimestre (ce jeudi à 14h30 pour les Etats-Unis) ainsi qu’une confiance modeste des consommateurs (mercredi à 16h pour les Etats-Unis et la zone euro) » seront donc selon lui nécessaires pour permettre aux Bourses mondiales d’aller tutoyer de nouveaux sommets.
Si tel n’est pas le cas, les anticipations du marché (entre cinq et six baisses de taux en 2024) et des responsables de la Fed (entre deux et trois baisses) s’aligneront vers celles des membres de l’autorité monétaire, provoquant nécessairement un reflux des marchés. Pour rappel, En Europe, la présidente de l’institution Christine Lagarde a déclaré la semaine dernière que la banque centrale n'avait pas du tout discuté d'une baisse des taux. Ses collègues Joachim Nagel et Madis Muller ont respectivement ajouté, vendredi, qu'il était trop tôt pour envisager des réductions de taux et que les marchés s'emballaient en pariant sur un assouplissement au cours du premier semestre 2024. À désormais quelques semaines du lancement de la saison des résultats annuels, ce sont donc les statistiques et les prises de parole de banquiers centraux qui devraient dicter la conduite des marchés ces prochaines semaines. À commencer, ce lundi, par des données sur le climat des affaires en Allemagne (indice IFO, à 10 h) puis sur le marché immobilier aux Etats-Unis (indice NAHB, à 16h).
Source Investir