Après plusieurs semaines euphoriques (neuf consécutives de hausse pour le Dow Jones), les marchés financiers sont entrés dans une période de dégrisement, après avoir sablé le champagne à la bonne santé de l’économie américaine et dans l’espoir de voir 2024 répondre à leurs attentes, avec en premier lieu une décrue de l’inflation permettant une politique monétaire moins restrictive. Dans leurs rêves les plus fous, les Fed funds (ils se situent entre 5,25% et 5,50%) allaient être réduits à partir de mars et six baisses successives allaient avoir lieu en 2024.
Mais, la première semaine de janvier 2024 a mis un terme à cette « exubérance irrationnelle (célèbre commentaire d’Alan Greenspan, ancien patron de la Fed, en décembre 1996). Les derniers chiffres de l’emploi américain pour le mois de décembre, parus vendredi, ont montré que la conjoncture aux Etats-Unis était plus résiliente que prévu et il n’est donc plus aussi urgent de réduire les taux d’intérêt. Les nouvelles tensions sur le marché obligataire, avec une remontée du rendement américain à 10 ans à 4,02 % ce matin, apportent la preuve que les investisseurs ne sont plus aussi crédules qu’il y a quelques semaines.
Les opérateurs vont continuer de scruter l’évolution des salaires, restés toujours fermes en décembre (à + 4,1%) et du taux de démissions (il commence à ralentir). Si les Américains hésitent avant de quitter leur entreprise, il y aura peut-être davantage de modération salariale dans les prochains mois. « En attendant, il faut espérer que la Fed ne baissera pas sa garde trop tôt ou de manière trop importante, car cela pourrait déclencher une deuxième vague d’inflation, comme cela s’est produit dans les années 70 ». Le président de la Fed d’Atlanta, Raphael Bostic, a rappelé hier qu’il était favorable à une politique monétaire restrictive, mais qu’il anticipait une baisse des taux cette année.
A côté de l’inflation, thème phare de 2023, la croissance monopolisera aussi l’attention des marchés en 2024. Là, c’est l’Europe qui inquiète le plus. En Allemagne, première économie de la zone euro, les ventes au détail ont chuté de 2,5% en glissement mensuel en novembre 2023, la plus forte baisse depuis avril 2022. Les économistes de la BCE ont abaissé leurs prévisions annuelles et n’attendent plus qu’une hausse de 0,8% du PIB de la zone euro au lieu de 1%.
Dans l’agenda économique, la séance de mardi sera calme, avec la production industrielle allemande et le taux de chômage dans la zone euro. Le point d’orgue sera jeudi, puisque le chiffre officiel de l’inflation de décembre (indice des prix à la consommation) aux Etats-Unis sera dévoilé, juste avant celui des prix à la production, prévu vendredi.
Pétrole sous surveillance
Les premiers froids vont-ils faire remonter les prix de l’énergie ? Pour l’instant, il n’en est rien, malgré les tensions persistantes au Proche-Orient, avec en sus, des perturbations dans le transport maritime en mer Rouge. Tout au contraire, les cours ont baissé après que l’Arabie saoudite a réduit le prix de son brut léger pour livraison en février à ses clients asiatiques, une façon de montrer aux Etats-Unis son irritation face à la forte augmentation de leur production de schiste.
Sur le front des entreprises, la fin de la semaine fera l’actualité : à l’ouverture du bal des résultats trimestriels américains, les financières (Bank of America, BlackRock, Citigroup, JP Morgan, Wells Fargo) seront les premières à s’élancer sur la piste, vendredi.
Source Investir