Taux tard

16/01/2024
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Lorsque Wall Street est fermé, et, donc, les investisseurs américains absents, il ne se passe généralement pas grand-chose sur les marchés financiers. Privée de sa boussole, la Bourse reste souvent sans direction. Hier, alors que l’on célébrait aux Etats-Unis la naissance de Martin Luther King, les places européennes ont évolué un peu plus nettement qu’à l’accoutumée… et dans le sens de la baisse. Avec un recul de 0,72%, le Cac 40 a d’ailleurs été l’indice qui a réagi le plus nettement, l’indice large européen, le Stoxx 600 se repliant lui de 0,54%.
A l’origine de cette baisse, les propos, depuis le Forum économique mondial de Davos, de Robert Holzmann, gouverneur de la banque nationale d’Autriche et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européene (BCE) indiquant sur CNBC qu’il était prématuré de « débattre déjà de la baisse des taux » tout en avertissant « je pourrais même prévoir qu’il n’y aura pas de réduction du tout cette année ». Et il ne s’agit pas de propos isolés puisque des membres plus influents de la banque centrale comme son chef économiste Philip Lane ou Joachim Nagel, le patron de la Bundesbank, avaient déjà averti que parler de baisse des taux était bien trop prématuré, le premier expliquant qu’il faudrait sans doute attendre les chiffres des salaires publiés en juin pour décider d’agir sur les taux.

Pivot ou plateau?
De quoi remettre en cause la thèse du « pivot » des banque centrales, qui avait permis la spectaculaire remontée des marchés en novembre-décembre ? Peut-être pas, mais de quoi la nuancer certainement. S’il semble acquis que les deux principales institutions, la Fed et la BCE, ne remonteront plus leurs taux directeurs, la perspective d’une baisse prend du retard.
Avant celle-ci la phase de stabilisation pourrait être plus longue qu’espéré par les investisseurs qui attendaient une baisse dès mars pour les plus confiants. Aux Etats-Unis, l’indicateur FedWatch du CME accorde toujours une probabilité de 66% à une baisse des taux d’un quart de point lors de la réunion de la Fed de mars prochain, un scénario sans doute un peu trop optimiste même si la Fed, qui avait entamé son cycle de hausse des taux avant la BCE, pourrait aussi la précéder dans le mouvement inverse. On en saura peut-être plus cet après-midi alors que Christopher Waller, membre de la Fed réputé être un « faucon », s’exprimera à 17 heures à la Brookings Institution.
Dans ce contexte, les marchés européens devraient ouvrir en baisse ce matin d’environ 0,5%.
Parmi les indicateurs du jour, on surveillera dans la matinée les indices ZEW du sentiment économique en Allemagne et dans la zone euro et, dans l’après-midi, l’enquête manufacturière de la Réserve fédérale de New York. Du côté des résultats, Goldman Sachs et Morgan Stanley dévoileront leurs comptes quatre jours après ceux, plutôt mitigés, de leurs principaux concurrents (JPMorgan, Bank of America, Citigroup…).

Source Investir