Les principales Bourses européennes devraient démarrer la journée sur une note prudente. D'après les premières indications disponibles, l’indice CAC 40 pourrait reculer de 0,1% à l'ouverture, ce qui marquerait une troisième séance consécutive de baisse.
Les marchés avaient fini l’année dopés aux espoirs de baisse rapide des taux. Or, il apparaît de plus en plus clairement que le « stimulant » ne sera pas disponible à la date prévue, si l’on en croit les derniers commentaires des banquiers centraux qui repoussent plutôt désormais cette perspective à l’été, au lieu du printemps.
Le problème, c’est qu’il n’y a pas de produit de substitution à cet espoir d’assouplissement monétaire. A côté des scénarios ternes en présence -soft landing, au mieux, outre-Atlantique et expansion faible revue en baisse en Europe. La Chine n’offre guère de recours, la croissance du PIB s’y est établie à 5,2% en 2023, ce qui est faible pour le pays, tandis que sur le seul mois de décembre les prix de l'immobilier ont connu leur plus forte baisse depuis 2015, et que les ventes au détail ont ralenti plus que prévu.
Quant à la saison de publication des résultats annuels des entreprises, elle s’ouvre à peine et dans un climat très attentiste. Les banques américaines ont publié des comptes très diversement accueillis et aujourd’hui il faudra suivre STMicroelectronics et le secteur européen des semi-conducteurs, alors que le fabricant taïwanais de puces TSMC a fait état d'une baisse de 19% de son bénéfice net au quatrième trimestre, des difficultés économiques dans le monde ayant affecté la demande de puces utilisées dans l'automobile, la téléphonie mobile et les serveurs. Le rebond des ventes européennes de voitures neuves de 13,9% en 2023, portées par les voitures hybrides et électriques, mais aussi par les modèles à essence, devrait par ailleurs attirer l’attention sur le secteur, les investisseurs n’ayant rien de sérieux à se mettre sous la dent jusqu’en milieu de semaine prochaine avec les résultats de Procter & Gamble, Texas Instruments ou encore General Electric aux Etats-Unis et de LVMH, en France, après ceux du Suisse Richemont ce jour.
Retour du psychodrame
En attendant, donc, c’est le psychodrame sur l’évolution des taux qui va continuer à guider l’humeur. « Certains indicateurs ne sont pas ancrés au niveau où nous voudrions les voir », a déclaré hier à Davos Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), en pensant en particulier à l’évolution des salaires, repoussant à l’été la détente monétaire intégrée pour le printemps dans le prix des actions et des obligations. Il faut dire que le mouvement de reflux de l’inflation est loin de ressembler à un repli régulier. L’indice des prix à la consommation en zone euro a été confirmé en hausse de 2,9% sur un an en décembre, en accélération donc après les 2,4% de novembre. Au Royaume-Uni, l'inflation a augmenté pour atteindre 4% en glissement annuel en décembre, alors que le marché anticipait un léger ralentissement.
En ce qui concerne la Réserve fédérale américaine, l’outil FedWatch de CME Group montre là aussi un recalibrage des attentes : la probabilité d’une réduction en mars revenant sous les 56%, contre 65% il y a une semaine.
Pour nourrir ce débat, les investisseurs pourront aujourd’hui s’alimenter de quelques statistiques comme celles des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine achevée le 13 janvier aux Etats-Unis, mais surtout des minutes de la dernière réunion de la BCE et des commentaires sur l’état de l’économie du président de la Fed d’Atlanta.
Source Investir