Les responsables monétaires ne sont pas décidés à clore le chapitre de l’inflation. Hier, la Banque centrale européenne a confirmé « garder le cap » en maintenant pour la troisième fois d’affilée ses taux directeurs. Le taux de facilité de dépôt reste ainsi à 4%, son plus haut niveau depuis la création de la monnaie unique en 1999. Celui de refinancement demeure à 4,5% et à 4,75% pour ce qui est du taux de prêt marginal. Une décision motivée par la nécessité de ne pas crier victoire trop vite selon la présidente de l’institution de Francfort, Christine Lagarde, qui souhaite davantage de chiffres pour déterminer les perspectives à moyen terme avant d’engager un cycle de baisses de taux.
« Nous continuons de penser que la BCE pourrait s'orienter vers des baisses de taux dès la fin du printemps, si la désinflation persiste et si les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, liées à la géopolitique, ne s'aggravent pas davantage », a réagi Gurpreet Gill de Goldman Sachs AM. Ce que semblent également penser les opérateurs, toujours aussi optimistes : selon les données de Bloomberg, ils continuent de tabler à 80% sur un desserrement monétaire dès le mois d’avril.
La Fed aux aguets
Outre-Atlantique, la décision de la BCE était aussi guettée puisque la Réserve fédérale américaine rendra sa propre décision dans moins d’une semaine. Le statu quo devrait également l’emporter avant un pivot car les données économiques restent bonnes. Au quatrième trimestre 2023, la croissance a été plus forte que prévu (+3,3% en rythme annualisé, contre 2% attendu et 4,9% lors des trois mois précédents) tandis que l’inflation sous-jacente a continué de ralentir. L’indice de base PCE annualisé des prix à la consommation a même atteint l'objectif de 2% au quatrième trimestre. « Cela soutient l'idée que les résultats des entreprises et la croissance des ventes devraient s'améliorer », a commenté Rob Haworth, directeur de l'investissement chez U.S. Bank Asset Management Group.
Une nouvelle statistique de premier plan sera dévoilée ce vendredi aux Etats-Unis. A 14h30, les investisseurs prendront connaissance de l’évolution des revenus et des dépenses des ménages pour le mois de décembre – le consensus Bloomberg table sur une hausse de 0,3% des premiers et de 0,4% des secondes. Les dépenses des foyers sont toujours regardées de près, compte tenu du poids de la consommation dans la constitution du PIB de la première économie mondiale. Mais c’est l’indice PCE « core », mesurant l’évolution des prix sur le mois, qui captera l’attention de la Fed. Ils devraient selon Bloomberg avoir rebondi de 0,2% en données générales après leur repli de 0,1%, mais l’inflation devrait s’être stabilisée à 2,6% sur un an. Hors éléments volatils que sont les produits alimentaires et énergétiques, elle devrait avoir ralenti à 3% sur un an, contre 3,2% en novembre.
Au chapitre des valeurs, on surveillera LVMH, qui a fait état après la clôture hier d'une croissance organique de 10% de son chiffre d'affaires au quatrième trimestre (24 milliards d’euros), portée par la résistance de la demande pour ses marques de mode haut de gamme. Rémy Cointreau a, pour sa part, fait état avant l’ouverture d'un recul moins important que prévu de son chiffre d'affaires au troisième trimestre (en baisse de 26,9% sur un an, à 319,9 millions d’euros), citant un déstockage en Chine à l'approche du Nouvel An chinois et une amélioration aux Etats-Unis malgré un marché difficile. A l’international, American Express, composante du Dow Jones, dévoilera aussi ses comptes du quatrième trimestre.
Source Investir