Jusqu’où ira Wall Street ? Pour la première fois de son histoire, le Standard and Poor’s 500 a passé, vendredi, le seuil symbolique des 5.000 points en clôture comme en séance (il avait passé celui des 4.000 en avril 2021). Il vient d’enchaîner 5 semaines consécutives de hausse et plus impressionnant encore, il s’est inscrit en hausse sur 14 des 15 dernières semaines, une série qui n’était pas arrivée depuis 1972. Hier, il n’a perdu que quelques points à 5.021,84.
Les investisseurs ne veulent voir, pour le moment, que le verre à moitié plein : « good news is good news » ! Quel que soit le scénario économique, il est favorable aux actions. Première option : la conjoncture reste florissante. De fait, malgré des taux de Fed funds au plafond (entre 5,25% et 5,50%), la croissance aux Etats-Unis demeure solide. Grâce au plein emploi, les ménages restent le moteur de cette impressionnante locomotive, avec une consommation toujours soutenue. Aussi, l’hypothèse d’une récession mondiale s’éloigne-t-elle. Du coup, c’est une chance pour les entreprises américaines, qui continuent de publier des résultats meilleurs que prévu. A cet égard, les investisseurs se ruent sur les groupes technologiques les plus impliqués dans l’intelligence artificielle.
Gare au Volmageddon !
Seconde option : l’économie va commencer à ralentir, ce qui fera refluer l’inflation vers l’objectif des 2% et permettra à la Réserve fédérale d’abaisser les taux d’intérêt. La Bourse a fini par accepter que le premier geste n’interviendra pas en mars, mais elle attend encore 5 baisses cette année, alors que la Fed, dans sa projection de décembre, en anticipait seulement 3.
On le voit, que les nouvelles macroéconomiques soient bonnes ou mauvaises, les boursiers y trouvent leur compte. Cette quasi-euphorie pourrait ne pas durer. Des voix commencent à s’élever pour dire « attention, trop d’exubérance risque de provoquer une sévère correction ». Alexandre Baradez, le responsable de l’analyse marché chez IG France s’inquiète du manque de « respiration » à Wall Street et du fait que le Vix (indice de volatilité) évolue entre 11,8 et 15,4 depuis début novembre. « Il faut remonter à la période qui a précédé le Volmageddon en 2018 pour retrouver une période aussi longue sans correction de plus de 2% sur le S&P 500 » indique-t-il. Le Volmageddon est un événement qui a vu le Vix passer de 10 à 50 en quelques jours et le S&P 500 chuter de 12% en à peine plus d’une semaine. L’expert d’IG France souligne enfin que le PER anticipé du S&P 500 est de 20,3 actuellement, contre 17,8 en moyenne sur les dix dernières années.
Dans l’attente de l’inflation
Il faudra donc se montrer vigilant et décortiquer toutes les statistiques économiques, à commencer par la plus importante, à paraître aujourd’hui : l’indice américain des prix à la consommation de janvier. Il devrait avoir augmenté de 2,9% sur un an, soit un premier passage sous les 3% depuis mars 2021. Ce serait aussi une nette décrue par rapport aux + 3,4% du mois de décembre. Jusqu’ici, les coûts de transport n’ont pas provoqué de dérapage, mais la situation en mer Rouge demeure tendue. Les rebelles houthis ciblent des navires de transport depuis novembre et cela pourrait pousser les prix du fret encore plus haut. Si une déception du côté de l’inflation devait intervenir, cela ébranlerait sans doute la confiance des boursiers.
Sur le front des entreprises aussi, la semaine sera cruciale, avec encore dix publications au Cac 40, après Michelin qui a rendu sa copie hier soir. Ce dernier a publié des résultats annuels record, mais se montre prudent pour 2024.
Source Investir