Pas d’apothéose à Wall Street vendredi (le marché était fermé hier pour le Presidents’day) : le très léger recul hebdomadaire des indices a mis fin à une série de cinq semaines consécutives de hausse. Jusqu’ici, sur les 16 dernières semaines, seules deux ont été dans le rouge, soit la plus longue période d’euphorie depuis 1972. Les investisseurs ont dû digérer l’annonce d’une progression des prix à la production plus forte que prévu en janvier, dans le sillage de ceux à la consommation également encore en tension. Le message au marché est clair : pas de baisse des taux à court terme. La Bourse commence à le comprendre. Et même, elle ne le sanctionne pas.
Atterrissage en douceur
L’effet « good news is good news » continue de fonctionner à plein régime, car tout risque de récession est écarté. Le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine prévaut : le consensus des économistes Bloomberg attend une croissance de 1,2% en 2024 et les résultats qui sont publiés en ce moment rassurent : plus de 80% des annonces se sont révélées supérieures aux attentes. Nividia, qui dévoilera ses profits mercredi sera sans conteste le point d’orgue de la semaine, mais les copies de Walmart et Home Depot sont aussi attendues de pied ferme. Il n’est pas prévu de défaillance de ce côté non plus, car les ménages américains continuent de dépenser. L’indice de confiance des consommateurs mesuré par l’Université du Michigan parue en fin de semaine dernière, est ressorti en progression d’un mois sur l’autre. Neuberger Berman souligne néanmoins que cet indice a varié en fonction des revenus, avec une amélioration pour le tiers supérieur et le tiers moyen, mais une stagnation pour le tiers inférieur.
Petite baisse de taux en Chine
Les Etats-Unis apparaissent ainsi comme le seul îlot de croissance parmi les grands pays développés : le Royaume Uni se porte mal, la dynamique en Europe ralentit, notamment en Allemagne et en France (Bruno Le Maire a abaissé ses prévisions) et le moteur chinois est au point mort. Certes, le ministère de la Culture et du Tourisme a indiqué que 474 millions de déplacements ont été enregistrés pendant la fête du Nouvel An lunaire (+19% par rapport à 2019), mais cette période de vacances est le seul moment dans l’année où les familles chinoises se retrouvent. Il n’est donc pas inhabituel qu’ils voyagent beaucoup et cela ne signifie pas pour autant que la dynamique économique va repartir d’elle-même. Nombre d’experts espèrent une intervention du gouvernement pour relancer la machine. Justement, ce matin, la Banque Populaire de Chine (BPC) a abaissé de 25 points de base son taux préférentiel à 5 ans, à 3,95%. Cette action devrait aider le secteur immobilier en perdition.
Air Liquide confiant
Sur le front des entreprises, Air Liquide a annoncé ce matin un chiffre d’affaires de 27,61 milliards d’euros, un montant peu au-dessus des attentes et en hausse de 3,7% en données comparables. Le résultat opérationnel aussi a légèrement dépassé les estimations, à 5,07 milliards. Quant au résultat net, il s’est établi à 3,08 milliards (+ 11,6%). Pour 2024, le groupe se dit confiant dans sa capacité à augmenter à nouveau sa marge opérationnelle et à accroître le résultat net récurrent à change constant. A horizon 2025, la société vise une hausse de 320 points de base de sa marge opérationnelle hors effet énergie, soit le double de l’objectif initial. Investir est à l’achat pour viser 205 euros.
Dans la journée, le secteur de la distribution sera à l’honneur, avec les résultats de Walmart et Home Depot aux Etats-Unis et Carrefour publiera ses comptes ce soir après Bourse.
Source Investir