Taux: "Il n’y a aucune urgence à agir"

03/04/2024
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Après un premier trimestre superbe des deux côtés de l’Atlantique : +8,78% pour le Cac 40 et +10,5% pour le S&P 500, les marchés ont marqué une pause. Ce fut la meilleure performance trimestrielle à Paris depuis les trois premiers mois de 2023 (+13,1%) et le meilleur premier trimestre aux Etats-Unis depuis 5 ans. Les prises de profits sont toujours bénéfiques et elles sont intervenues après un dernier record en séance le 28 mars, à 8.253,59 pour le Cac 40.

Pourquoi ces allègements ? Ce sont des tensions sur les marchés obligataires qui ont conduit les investisseurs à davantage de prudence. Le rendement de l’emprunt américain à dix ans est, par exemple, remonté à 4,4%. C’est la « mauvaise » surprise de la hausse de l’ISM manufacturier pour le mois de mars qui a renforcé la conviction d’une croissance encore forte aux Etats-Unis, le corolaire étant un possible report de la première date de baisse des taux, prévue jusqu’ici en juin. L’indicateur ISM est passé en territoire d’expansion (au-dessus de 50) pour la première fois depuis septembre 2022 et sa composante des prix a rebondi. Cette statistique a un peu fait l’effet d’une douche froide, puisque l’indice PCE, le baromètre préféré de la Fed, publié vendredi dernier, n’avait pas dérapé. L’augmentation de 2,5% sur un an des prix (un point bas depuis 2021) était celle qui était attendue par les économistes, ce qui avait rassuré. Voilà que l’agenda de l’assouplissement monétaire n’est plus aussi assuré, d’autant que l’inflation pourrait grimper dans le sillage des cours du pétrole.

Les dernières frappes israéliennes en Syrie ont ravivé les craintes d’une extension du conflit, jusqu’ici conscrit à la Bande de Gaza, à l’ensemble du Moyen-Orient et propulsé les cours du Brent à plus de 89$. C’est la première fois que les prix flirtent avec les 90$ depuis octobre dernier. Cette flambée ne favorise pour l’instant que les grandes compagnies pétrolières, le titre TotalEnergies (+ 4%) ayant, par exemple, touché un plus haut hier à 65,96 euros.
L’agenda économique, assez chargé, comprend notamment l’indice des prix à la consommation en mars dans la zone euro. Si l’inflation est restée stable d’un mois sur l’autre à 2,6% sur un an, comme espéré, l’éventualité d’une baisse des taux par la BCE au mois de juin pourrait gagner en crédibilité.
Outre-Atlantique, on regardera l’enquête ADP sur les embauches dans le secteur privé en mars (on surveillera les gains salariaux), puis l’indice PMI et l’indice ISM des services. Les boursiers écouteront aussi Jerome Powell, qui s’exprimera depuis l’Université de Stanford. S’il marche dans les pas de son collègue Christopher Waller, il devrait confirmer « qu’il n’y a aucune urgence à agir ».

Source Investir