Lorsque la Bourse manque de grain à moudre, elle se focalise sur les taux. C’était encore le cas hier lors d’une séance marquée par un regain de tension sur les obligations, en raison de doutes sur le rythme de baisse attendue des taux des banques centrales. Cela risque de se reproduire aujourd’hui, faute de statistique décisive, alors que l'incertitude sur le calendrier de la baisse ne s'atténue pas. Les rendements des bons du Trésor américain ont atteint un sommet de près de quatre semaines, faisant grimper cette nuit leurs équivalents en Asie-Pacifique ainsi que le dollar, ce qui exerce une pression sur les actions. D'après les premières indications disponibles, le CAC 40 parisien devrait s’inscrire en légère baisse à l'ouverture.
Certes, la journée démarre sur la note positive de prévisions revues en hausse sur la Chine, qui devrait connaître une croissance de 5% cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI), relevant sa prévision initiale qui était de +4,6%, tout en prévenant s'attendre à une croissance plus faible par la suite. Mais, les chiffres de l’inflation en Allemagne au mois de mai, publiés à 10 heures, ne représentent qu’une petite partie du puzzle que chacun cherche à assembler pour se faire une idée plus précise de l’état des économies européennes et américaines.
Les investisseurs auront quand même droit à une pièce de choix, mais après la fermeture des marchés européens, à savoir la publication du livre beige de la Réserve fédérale. On peut espérer que le document -qui fait la synthèse des conditions économiques au sein des douze districts de la Fed et servira de base de travail à la prochaine réunion du Comité de politique monétaire- contribuera à permettre d’y voir un peu plus clair au milieu des signaux contradictoires, comme ceux affichés par les deux principaux indicateur de la santé de l’activité manufacturière aux Etats-Unis repérés par Oddo, qui note « des indices ISM retombés au-dessous de 50 points en avril et des PMI qui ont rebondi en mai ».
L’inflation en fin de semaine
Mais à vrai dire les vrais chiffres significatifs sont attendus pour la fin de la semaine et ils alimenteront la discussion sur … les taux : ce sont les données mensuelles sur l'inflation américaine, qui pourraient en effet influencer le calendrier d’assouplissement monétaire de la Fed, ainsi que les chiffres d’inflation pour l’ensemble de la zone euro.
Pas de publication de résultats parmi les sociétés françaises, la périodes des trimestriels étant maintenant terminée. A surveiller ce jour, cependant, Michelin qui annoncé mardi viser pour 2026 une hausse de sa marge opérationnelle des secteurs à 14% grâce aux ventes de pneumatiques à plus forte valeur ajoutée, notamment pour les SUV et les voitures électriques. De leur côté, Publicis et Legrand réuniront leurs actionnaires en assemblée générale.
Aux Etats-Unis, Salesforce dévoilera ses comptes trimestriels. Ils permettront de savoir si le leader mondial des CRM commence à tirer profit de l’IA.
A noter que Wall Street a inauguré ce mardi un nouveau cycle de règlement de transaction sur les titres, réduit de deux jours ouvrables à un seul, qui pourrait provoquer quelques remous. L’idée d’un règlement plus rapide est directement inspirée par la frénésie boursière de 2021 autour des "meme stocks", dont le fameux GameStop, qui avait mis en évidence la nécessité de réduire le risque de contrepartie et d'améliorer l'efficacité du capital et la liquidité dans les transactions sur titres. Le risque, en réduisant le temps accordé pour réunir les fonds nécessaires à l'achat d'actions, pour rappeler les actions prêtées ou pour corriger les erreurs de transaction, est de provoquer des blocages de certains règlements et d’augmenter les coûts de transaction. A suivre…
Source Investir