Qui s’amuse à brouiller les cartes du jeu boursier ? Il devient de plus en plus compliqué d’anticiper la conjoncture économique et les futures orientations des politiques monétaires des deux côtés de l’Atlantique.
Prenez les Etats-Unis, les dernières statistiques annoncées lundi (activité manufacturière en repli en mai pour le deuxième mois consécutif) ont montré un net ralentissement de la croissance. Au lieu de s’en réjouir (bad news is good news), le marché s’est inquiété. En effet, si la croissance ralentit alors que l’inflation, elle, fait de la résistance, deux questions se posent : les résultats des entreprises ne risquent-ils pas d’en souffrir et le calendrier de la baisse des taux de la Fed ne sera-t-il pas à nouveau modifié ? Les prochaines données mensuelles sur l’emploi ainsi que l’évolution des salaires, attendues vendredi, seront bien sûr observées avec une grande attention. Les chiffres « Jolts » (Job Openings and Labor Turnover Survey) annoncés hier ont montré un marché de l’emploi moins tendu. Espérons que les chiffres officiels viendront confirmer cette tendance.
L’inflation remonte en zone euro
En Europe, le paysage conjoncturel est à peine plus clair et la Bourse ne se réjouit même pas de l’assouplissement monétaire qui devrait avoir lieu demain. Il est en effet quasiment acquis qu’une baisse de 25 points de base interviendra à l’issue de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne, ce qui ramènerait le taux de dépôt à 3,75%. Pour la première fois, la BCE grillerait la politesse à la Réserve fédérale américaine. Mais que se passera-t-il ensuite ? La question se pose, car en zone euro aussi, les prix restent trop élevés. Ils ont même augmenté en rythme annuel de 2,6% en mai après + 2,4% en avril. On est encore loin de l’objectif des 2%. La Bourse se demande donc si la BCE va donner des indications sur l’orientation de sa politique après le mois de juin.
En outre, il ne faut pas négliger l’influence des matières premières sur l’évolution des prix. Pour le moment, le cours du baril de pétrole a chuté après la dernière réunion de l’OPEP +, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Contrairement à ce qui était attendu, le cartel qui a longtemps maintenu ses restrictions de production, va progressivement remettre des barils en circulation. L’organisation reste, toutefois, prête à modifier sa politique si les prix devaient trop baisser. Cette modération des cours était souhaitée par Joe Biden à l’approche de la « driving season », moment de l’année durant lequel les Américains utilisent beaucoup leur voiture pour se rendre sur leurs lieux de vacances.
Dans l’agenda du jour, il faudra surtout surveiller les créations d’emplois dans le secteur privé pour le mois de mai aux Etats-Unis et l’indice PMI des services et son équivalent ISM (davantage suivi par le marché) pour le mois de mai, qui est attendu en hausse à 51 points contre 49,4 en avril.
Source Investir.