Paris. Prises de bénéfices en attendant d'y voir plus clair

11/06/2024
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C’est un événement suffisamment rare pour le signaler, mais la Bourse de Paris a redécouvert le risque politique franco-français. La cause : la décision du président de la République, Emmanuel Macron, de dissoudre l’Assemblée nationale. « On entend souvent dire que le Cac 40 doit plutôt être vu comme un indice mondial, en raison de l’activité internationale des groupes qui le composent, et pas comme une représentation de la France ou de l’économie française, ce qui est potentiellement vrai », indique Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France, dans une note. Mais cette fois-ci, face à l’incertitude quant à l’issue des élections législatives, et une possible victoire du RN, les investisseurs et notamment les investisseurs étrangers ont décidé de prendre leurs bénéfices, « en attendant d’y voir plus clair, notamment parce que le Cac 40 est un des indices européens les plus chers », ajoute l’expert.

Conséquence, l’indice phare de la place parisienne a cédé 1,35% hier, pour clôturer à 7.893,98 points. Un moindre mal sachant qu’il a perdu jusqu’à 2,36% en séance. Ce sont les valeurs les plus sensibles à une hausse des taux d’intérêt (la note de la France pourrait être une nouvelle fois dégradée) qui ont le plus souffert comme les banques, - Société Générale a chuté de 7,46%, et BNP Paribas de 4,76% -, et les sociétés endettées (Emeis [ex-Orpea] a perdu 8,82%), les concessions (- 5,37% pour Vinci et - 5,48% pour Eiffage), le RN ayant dans son programme de les nationaliser, ou encore les énergies renouvelables (Voltalia, Entech).

Légère tension sur les taux

Quant aux taux longs, là aussi, on a assisté à une légère tension sur les obligations françaises à 10 ans, mais sans excès. Le rendement de l’OAT a gagné 12 points de base pour s’établir à 3,23%, portant l’écart avec le Bund allemand à 10 ans (son équivalent outre-Rhin, et la référence de la zone euro) à 56 points de base. Enfin, l’euro est tombé à son plus bas d’un mois face au dollar, mais aucun mouvement de panique n’est à signaler.

Les marchés devraient rester volatils durant les semaines à venir jusqu’à l’issue des élections. Et après ? Difficile à prédire, mais dans une note, le chef économiste d’Oddo BHF, Bruno Cavalier, anticipe que « dans une campagne extrêmement courte, tout laisse à croire que le RN sera le premier parti de la future Assemblée, et qu’en toute logique, le président devrait nommer le Premier ministre dans ce parti et se préparer à une ‘cohabitation’ ». Un scénario que les marchés devraient intégrer rapidement.

En attendant, les choses pourraient reprendre une tournure plus normale aujourd’hui. Et l’attention se tournera une nouvelle fois vers la Réserve fédérale américaine qui débute la réunion de son comité de politique monétaire. La décision est attendue demain, mais l’on se dirige vers un statu quo. Sachant que les chiffres de l’inflation auront été publiés quelques heures plus tôt.

Enfin, Atos a choisi le projet de restructuration financière déposé par son premier actionnaire David Layani. Il prévoit de conserver le groupe dans son périmètre actuel, mais il sera néanmoins très dilutif pour les actionnaires.

Source Investir