Si le spectacle présenté depuis dimanche soir sur la scène politique française a fait diversion encore hier après-midi, avec une « salade niçoise » d’un nouveau genre chez les Républicains (allaient-ils trouver les clés pour débarquer Eric Ciotti de son siège de président ?), entre l’inflation américaine et les annonces de la Réserve fédérale, ces dernières ont ramené les marchés financiers vers leur préoccupation habituelle : les taux d’intérêt !
Les deux jours de réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale américaine ont apporté peu de surprises hier soir. Comme anticipé, elles se sont conclues par un statu quo pour les fonds fédéraux, dont le taux a été maintenu entre 5,25% et 5,50%.
Une Fed moins souple qu’en mars…
Quant au sujet qui intéresse en premier lieu les investisseurs, soit le moment et le rythme auquel la Fed prévoit de desserrer la vis, la réunion a apporté quelques éléments, notamment par le biais du dot plot, le graphique illustrant par des points les anticipations d’évolution des taux d’intérêt des membres du FOMC.
Il en ressort que ces projections ne prévoient plus qu’une seule baisse de 25 points de base des fed funds en 2024, contre trois encore visées en mars dernier, puis quatre détentes supplémentaires en 2025, ce qui ramènerait ces taux directeurs à 4,1% en fin d’année prochaine et non plus dans une fourchette de 3,75%-4%. L’atterrissage final a été porté de 2,6% à 2,8%.
… malgré une inflation pourtant stable en mai
Cette position plus restrictive des membres de la banque centrale américaine tient à des anticipations d’inflation plus hautes qu’il y a trois mois aux Etats-Unis, une perspective quelque peu contradictoire avec les indicateurs d’inflation diffusés depuis la semaine dernière, dont pas plus tard qu’hier, les prix à la consommation de mai, restés stables sur un mois (+ 0,1% attendu). Ils ont aussi limité leur hausse sur un an à 3,3%, quand le consensus Bloomberg tablait sur une augmentation de 3,4%. Ces données ont d’ailleurs contribué à envoyer l’indice S&P 500 et le Nasdaq (soutenus également par le bond de 13% d’Oracle) à de nouveaux records avant les annonces de la Réserve fédérale, qui ont pesé, elles, sur le Dow Jones. Les prix à la production, publiés cet après-midi, pourraient rassurer, eux aussi, ne serait-ce que grâce au reflux des cours du pétrole.
Le Cac 40 aussi en a profité
La bonne surprise réservée par l’inflation américaine a permis en tout cas au Cac 40 de se ressaisir de près de 1% hier après une baisse de 2,65% en deux séances, à la suite du gouffre ouvert dimanche soir par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. L’indice parisien se dirige ce jeudi matin vers un repli modéré (de l’ordre de 0,3% en préouverture), une tendance générale en Europe.
Si la politique française peut réserver encore retournements de situation et coups de théâtre, l’actualité en provenance des entreprises devrait rester peu fournie à Paris.
Source Investir