Incertitude maximale

17/06/2024
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Alors que la dissolution annoncée par Emmanuel Macron après les résultats des élections européennes dimanche 9 juin a provoqué la plus lourde chute hebdomadaire du Cac 40 (-6,2%) depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, la question est désormais de savoir si l’indice vedette de la Bourse de Paris va se reprendre ou non. En l’absence de statistique majeure, tous les regards se tourneront de nouveau vers la situation politique et les conséquences possibles de l’élection parlementaire à venir. Sur les marchés, c’est ainsi le « spread » de taux entre l’Allemagne et la France, soit l’écart, exprimé en points de base, entre le taux auquel empruntent nos voisins d’outre-Rhin et celui auquel se refinance l’Etat français sur les marchés des capitaux. Ce spread a dépassé les 80 points de base vendredi, au plus haut depuis 2017, faisant craindre une nouvelle crise de la dette à l’européenne.

Le début de panique observé la semaine dernière sur le marché parisien est également perceptible sur d’autres marchés, l’indice MSCI Pacifique subissant ce lundi sa plus forte baisse depuis plus de deux semaines (-1,4%), lesté par les indices japonais (-2,1% pour le Nikkei 225). « L'incertitude des investisseurs face aux urnes se manifeste de nouveau, les deux dernières semaines ayant mis en évidence les risques de volatilité malgré les attentes de changements gouvernementaux - en commençant par l'Afrique du Sud, puis le Mexique et maintenant l'Europe avec l'élection surprise en France », constate Bob Savage, responsable de la stratégie et de l'analyse des marchés chez BNY Mellon, selon qui « les craintes augmentent désormais quant à un risque d’élection surprise au Japon et en Allemagne dans le mois à venir, étant donné le faible soutien du gouvernement qui ressort des sondages dans ces pays ». Cette incertitude ravive l’aversion au risque des opérateurs et provoque une fuite vers les actifs refuges, comme en témoignent les progressions du billet vert et de l’or en fin de semaine dernière.

 

A désormais moins de deux semaines du premier tour de nouvelles élections législatives en France, les opérateurs vont tenter de déterminer vers quel bord penchera l’Assemblée à l’issue des deux tours, afin de se projeter sur la future politique économique du pays. Les opérateurs tentent également d’identifier les secteurs -et valeurs- qui auraient le plus à perdre d’un gouvernement mené par le Rassemblement national ou le Nouveau front populaire de la gauche, et ont pour l’instant placé quatre secteurs (banques, assurances, médias et environnement) sous surveillance particulière. Au-delà des sociétés opérant sur ces segments d’activités, les stratégistes interrogés dans l’édition d’Investir paru ce samedi s’inquiètent d’une augmentation de la prime de risque sur l’ensemble des valeurs françaises.

Dans ce contexte politique, les quelques statistiques à l’ordre du jour ne pèseront probablement pas bien lourd dans la balance. Ni les chiffres relatifs au coût du travail au premier trimestre en zone euro (11 heures) ni les résultats de l’enquête manufacturière de la Réserve fédérale de New York publiés à 14h30 au titre de juin ne devraient avoir d’influence sur les marchés ce lundi, et la suite de la semaine ne sera guère plus fournie. Les opérateurs se concentreront donc uniquement sur le risque politique, avec une surveillance accrue des marchés de la dette – jauge de la confiance des investisseurs en la bonne tenue économique d’un pays.

Source Investir