L’idée selon laquelle la Réserve fédérale américaine (Fed) se serait trompée fait son chemin dans l’esprit des investisseurs et, avec elle, les marchés flanchent. Depuis vendredi et la publication d’indicateurs préoccupants sur la vitalité de l’économie américaine, les opérateurs se demandent en effet, avec insistance, si la banque centrale dirigée par Jerome Powell ne serait pas « behind the curve », comprendre « en retard sur le cycle économique ». Cela signifierait que l’institution monétaire aurait décidé de maintenir trop longtemps ses taux directeurs à leur niveau (5,25-5,5%) le plus élevé depuis vingt ans, au détriment de l’activité économique.
Alors que le dernier rapport du Bureau of Labor Statistics a révélé une nette dégradation du marché de l’emploi outre-Atlantique et que les craintes de récession grandissent, beaucoup d’observateurs estiment désormais que la Fed aurait dû abaisser ses taux -pour la première fois depuis mars 2020- lors de la réunion de son comité de politique monétaire de la semaine dernière. Ce que la Fed n’a donc pas fait, préférant opter pour un statu quo sur ses taux tant que l’inflation, revenue à 3,0% en juin sur un an (selon l’indice CPI), tant que la hausse des prix à la consommation ne se rapproche pas de sa cible fixée à 2,0 % par an.
Si le patron de la Fed, Jerome Powell, a confirmé mercredi que l’institution était en bonne voie d’assouplir sa politique monétaire à la réunion de septembre, le marché croit de plus en plus qu’elle devra mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard. Charge aux responsables de l’institution de rassurer les investisseurs d’ici-là, notamment à l’occasion du symposium de Jackson Hole qui se tiendra du 22 au 24 août.
Des indices, et encore quelques résultats
En attendant d’en savoir plus sur les intentions de la Fed concernant le rythme de son assouplissement monétaire à venir, les investisseurs prendront connaissance ce lundi d’une batterie d’indicateurs relatifs à la vigueur de l’activité dans le secteur non-manufacturier dans plusieurs régions du globe. Et alors que la saison des résultats semestriels touche déjà à sa fin, les poids lourds de la cote tricolore ayant tous, ou presque, dévoilé leurs comptes à mi-parcours ces deux dernières semaines, les opérateurs s’évertueront cette semaine à identifier les gagnants et les perdants de ce début d’année agité. Seuls Clariane (ex-Korian) et le spécialiste de l’assurance-crédit Coface publieront leurs résultats ce lundi après Bourse, tandis que l’allemand Infineon et l’américain Palantir réaliseront un point d’activité trimestriel.
Les cryptos également dans la tourmente
Alors que les marchés d’actions mondiaux ont flanché en fin de semaine dernière (le Cac 40 a notamment touché un creux annuel vendredi) sur fond de craintes que l’atterrissage en douceur de l’économie américaine soit compromis, les cryptomonnaies ne sont pas épargnées par ce brusque regain d’aversion au risque des investisseurs. En baisse de 8% sur les dernières 24 heures et de plus de 20% sur la semaine écoulée, le bitcoin se négocie ce lundi matin à moins de 54.000 dollars, au plus bas depuis février dernier.
Source Investir