La FED a-t-elle trop tardé?

06/08/2024
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L’épisode des résultats semestriels n’était pas encore fermé en fin de semaine dernière que les marchés ont été rattrapés par les considérations économiques. Alors qu’ils tablaient il y a encore deux semaines sur un atterrissage en douceur de la première économie mondiale, ils s’inquiètent désormais d’une possible récession aux Etats-Unis après la publication de deux mauvais indicateurs, l’un sur l’activité manufacturière (l’ISM manufacturier), l’autre sur l’emploi (avec un taux de chômage porté à 4,3% au mois de juillet).

Conséquence, dans le sillage de l’ensemble des places financières mondiales, le Cac 40 a cédé 1,42% lundi (et jusqu’à 3,06% en séance), pour se rapprocher de la barre des 7.000 points (à 7.148,99 points), portant son recul depuis le 1er août à 5,1%, soit l’équivalent de sa perte depuis le début de l’année.

« Les chiffres de l’emploi américains ont fait penser que la Réserve fédérale pourrait avoir retardé trop longtemps les baisses de taux d’intérêt, risquant ainsi de provoquer une récession », a expliqué à l’AFP Mark Haefele, directeur des investissements chez UBS Global Wealth. Mais les économistes sont nombreux pour l’heure à écarter un tel scénario, jugeant que les mauvais chiffres sur l’emploi résultent de facteurs conjoncturels.

Pour Kenneth Broux, responsable de la recherche Corporate chez Société Générale à Londres, interrogé par Reuters, « la question que les investisseurs et les banques centrales doivent se poser est de savoir si les inquiétudes sur la croissance aux Etats-Unis seront temporaires ou pourront causer des dommages plus durables à l'économie ». Et d’ajouter : « La Fed ne baissera probablement pas ses taux de manière anticipée. Mais les six semaines qui nous séparent de la prochaine réunion de la Fed représentent une éternité et, avec la baisse de la liquidité durant l’été, cette remise à zéro du marché pourrait durer un certain temps, jusqu’à ce que les positions trouvent un nouvel équilibre ».

Des marchés toujours nerveux

En conséquence, la volatilité sur les marchés va rester forte dans les semaines qui viennent. « L’économie américaine est entre deux eaux et de la réactivité de la Fed dépendra dans une large partie ses chances d’échapper à une récession. La nervosité des marchés à l’égard des publications économiques a tout lieu d’être particulièrement élevée dans un tel contexte et les risques assortis à l’environnement financier particulièrement aiguisés », indique Véronique Riches-Flores, économiste chez Riches Flores Research.

Les informations économiques de la journée d’hier se sont avérées plutôt rassurantes. L’ISM des services est ressorti conforme aux attentes et le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a tenu des propos apaisants, jugeant peu probable la perspective d’une récession. Les marchés ne trouveront en revanche pas de soutien dans les statistiques d’aujourd’hui, la séance s’annonçant très pauvre en la matière. De ce côté-ci de l’Atlantique, les ventes au détail en juin seront communiquées. L’occasion de connaître l’état de confiance du consommateur européen alors que la consommation mondiale, comme les résultats semestriels l’ont démontré, est devenue une source de risque. Au même titre que les inquiétudes concernant les retombées de l’IA.

Source Investir