La torpeur estivale n’a pas duré. La trêve olympique, parenthèse enchantée, a pris fin. Après deux séances très calmes, qui nous ont fait grand bien après le stress du début de la semaine dernière, les investisseurs sont à nouveaux aux aguets. Ils ont encore en mémoire la secousse japonaise du 6 août (-12,4%) et s’attendent, comme pour tout séisme, à une réplique. Un œil sur le Vix, ou indice de la peur, montre que ce dernier est redevenu plus calme, autour de 20, alors qu’il était monté à 65 au début du mois. La semaine dernière, un indice reflétant la volatilité des actions américaines avait atteint des niveaux inégalés depuis 2020.
Bien que le S&P 500 ait bien récupéré, il demeure néanmoins encore nettement en dessous de son record de la mi-juillet, à 5.667 points. De même, notre indice vedette est bien loin des 8.259 points du mois de mai. Est-il besoin de rappeler que la France, dont la dette est abyssale, n’est toujours pas gouvernée et que les tensions aux Moyen-Orient et sur le front russo-ukrainien sont au plus haut. Et je ne vous parle pas de la bulle de l’IA, qui pourrait nous éclater à la figure. Aussi, au lieu de rêver d’un effet « Léon Marchand » sur le Cac 40, ferait-on mieux de scruter avec attention les prochains chiffres économiques américains. Car même si c’est la Bourse de Tokyo qui a plongé, le coup de semonce est venu des Etats-Unis, avec des données sur l’emploi en juillet très inférieures aux attentes. Nous nous sommes focalisés ces deux dernières années sur la meilleure façon de vaincre l’inflation, et alors que le but est presque atteint, nous redoutons désormais le risque d’une récession. Nous passons d’un fléau à l’autre à une vitesse folle. La Fed a-t-elle trop tardé à abaisser ses taux d’intérêt ? Cette question taraude les marchés. L’Europe, heureusement, a pris les devants et devrait poursuivre dans cette voie, au rythme d’une baisse d’un quart de point par trimestre jusqu’à fin 2025, selon les économistes.
Retour de la relation inverse entre actions et obligations
Chez Mirabaud, John Plassard fait remarquer que « la relation séculaire entre les actions et les obligations (les revenus fixes compensent les pertes sur les actions) est de retour après avoir été remise en question ces dernières années. » Rappelons qu’en 2022, les obligations n’ont offert aucun refuge face à l’effondrement des actions. La hausse agressive des taux à partir de mars 2022 a provoqué la baisse des deux marchés. Alors que l’indice S&P 500 a perdu 6% au cours des trois premiers jours d’août, le marché des bons du Trésor a enregistré 2% de gains, ce qui a permis aux portefeuilles diversifiés de mieux se tenir que ceux composés uniquement d’actions.
Ce qui importe, c’est d’éviter une récession aux Etats-Unis. Les derniers chiffres sur l’emploi hebdomadaire et sur les prix à la production ont un peu rassuré. Il faudra scruter aujourd’hui les prix à la consommation, puis les ventes au détail, demain. D’après FedWatch Tool, les traders misent à 55% sur une baisse des taux de la Fed de 50 points de base en septembre. Hier Wall Street a fini en nette hausse et les valeurs technologiques ont repris des couleurs. Le Cac 40 pourrait lui aussi prendre quelques points à l’ouverture.
Sur le front des entreprises, UBS qui avance dans l’intégration de Credit Suisse, a annoncé un bénéfice supérieur aux attentes au deuxième trimestre, à plus de 1,1 milliard de dollars, grâce à des économies de coûts.
Source Investir