Après trois jours de léthargie pour les marchés d’actions, le réveil devait sonner hier soir, déclenché par Nvidia et ses comptes trimestriels. La publication, intervenue après la clôture de Wall Street, était le rendez-vous le plus attendu de la semaine compte tenu des interrogations actuelles sur l’intelligence artificielle, au point de mettre en pause des investisseurs qui ont vite classé au rang des souvenirs les propos du président de la Fed, vendredi dernier, ouvrant la voie à une première baisse des taux de la banque centrale américaine dans trois semaines.
Le réveil, toutefois, ne semble pas si strident. Le fabricant de puces graphiques pour l’IA, a finalement soufflé un peu de chaud et du froid à voir sa baisse de près de 7% dans les échanges hors marché ce matin. La deuxième capitalisation mondiale a jusque-là multiplié son cours par 2,5 fois cette année, ce qui peut rendre les investisseurs exigeants.
Le chiffre d’affaires du deuxième trimestre (clos fin juillet) a augmenté de 122%, sur un an, à 30,4 milliards de dollars, soit mieux que les 28,7 milliards prévus par le consensus. Le bénéfice par action, à 0,68 dollar, a lui aussi dépassé les attentes (0,64 dollar). Pour soigner ses actionnaires, Nvidia a annoncé également un plan de rachat d’actions de 50 milliards de dollars, mais les prévisions ont été jugées un peu courtes, le groupe américain tablant sur un chiffre d’affaires de 32,5 milliards de dollars pour le trimestre en cours, à peine plus que le consensus de 31,8 milliards. Côté résultats, la marge nette est visée autour de 75%, quand les anticipations portaient sur 75,5%.
Le quatrième trimestre devrait, lui, bénéficier de plusieurs milliards de dollars de facturations en provenance des nouvelles puces Blackwell. Les marchés se sont inquiétés d’un retard susceptible de freiner la croissance.
En conséquence de cette publication, les places asiatiques étaient hésitantes ce matin. Le Cac 40, qui a fait du surplace depuis lundi en attendant la publication de la nouvelle star de Wall Street, devrait débuter également sur une note indécise, toujours en-deçà des 7 600 points.
Et aussi… Pernod Ricard à Paris
Si Nvidia doit dicter la tendance ce jeudi, n’oublions pas une industrie des plus traditionnelles avec les résultats annuels de Pernod Ricard, dernière publication du Cac 40 cet été. Les investisseurs y seront attentifs aussi alors que les deux grands moteurs de l’industrie des spiritueux se sont enrayés, entraînant des contreperformances inhabituelles pour des valeurs en principe défensives (le cours de Pernod Ricard perd encore 20% cette année). Les Etats-Unis se caractérisent depuis des trimestres par du déstockage aux différents échelons de la distribution, tandis qu’en Chine le consommateur a perdu toute envie d’acheter et de festoyer.
Le numéro deux mondial du secteur a annoncé ce matin, pour son exercice clos fin juin, des chiffres conformes à ses attentes et celles du consensus FactSet pour l’opérationnel, plutôt résistants hors effets de change, très négatifs. A données comparables, ses ventes ont contenu leur recul à 1%, malgré des baisses de 9% aux Etats-Unis et de 10% en Chine.
Pour ce qui est des résultats, la marge opérationnelle s’est améliorée malgré tout avant effets devises, de 80 points de base, mais les taux de changes ont amputé le bénéfice opérationnel publié de 425 millions d’euros. Il ressort donc en baisse de 7%, à 3,1 milliards. Le profit net s’est, lui, contracté de 35% après diverses charges exceptionnelles, à 1,5 milliard d’euros, mais le dividende est presque maintenu, à 4,70 euros, contre 4,75 euros en 2022-2023.
La Bourse pourrait tiquer sur les prévisions, qui font état d’une baisse du chiffre d’affaires du premier trimestre 2024-2025 avant une reprise progressive.
L’inflation d’août en Allemagne
L’agenda économique de ce jeudi, par ailleurs, se révèle aussi plus riche que les jours précédents. Parmi les rendez-vous les plus notables figurent, à 14 heures, les premières données de l’inflation en Allemagne pour le mois d’août, prélude aux statistiques diffusés vendredi pour l’ensemble de la zone euro (et la France). La hausse des prix devrait avoir ralenti outre-Rhin à 2,1% sur un an.
Une demi-heure plus tard, aux Etats-Unis, c’est une deuxième estimation du PIB du deuxième trimestre qui est attendue. Elle devrait confirmer la croissance de 2,8% en rythme annuel qui avait été annoncée dans une première approche. Comme tous les jeudis, on prendra aussi connaissance, à la même heure, des inscriptions au chômage pour la semaine dernière.
Pas de quoi chômer, donc, ce jeudi, en attendant la publication, demain après-midi, de l’indice PCE de juillet, la mesure d’inflation très suivie par la Réserve fédérale et qui pourrait remettre le sujet de la politique monétaire sur le tapis.
Source Investir