L’économie américaine inquiéte

04/09/2024
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Le mois d’août, potentiellement dangereux pour la Bourse, s’est plutôt bien déroulé cette année (+ 1,3% pour le Cac 40 et un record pour le Dow Jones vendredi dernier). Qu’en sera-t-il de septembre, de sinistre mémoire ? « C’est en moyenne le plus mauvais mois de l’année depuis près de 75 ans » nous rappelle Mirabaud Equity Research. La réponse à cette question tient en une phrase : tout va dépendre de l’économie américaine.
La Fed a-t-elle trop tardé ?
Hier, les moins bons chiffres que prévu relatifs à l’activité manufacturière en août (contraction pour le cinquième mois consécutif) ont mis le feu aux poudres. Après un week-end de trois jours, Wall Street a lourdement chuté. Le spectre de la récession plane toujours sur la cote. Rappelez-vous, l’angoisse touchant au retard qu’aurait pris la Fed pour assouplir sa politique monétaire avait déjà fait vaciller la cote début août. Le niveau stratosphérique des taux d’intérêt a certes ramené l’inflation vers l’objectif des 2%, mais il a aussi freiné l’activité et il fait courir le risque d’un atterrissage trop brutal de l’économie.
Les prochaines données conjoncturelles américaines seront donc scrutées avec beaucoup d’attention, comme le rapport Jolts sur les emplois vacants qui sera publié cet après-midi et le Livre beige de la Fed, ce soir. Les indices d’activité pour les services et les créations de postes dans le privé sont prévus jeudi, avant les chiffres les plus cruciaux annoncés vendredi : les statistiques officielles sur le marché du travail au mois d’août. En cas de dégradation plus sévère qu’attendu, les investisseurs tableront sur un geste musclé de la part de la Réserve fédérale à l’issue du comité du 18 septembre, soit une baisse des Fed funds de 50 points de base. Mais le scénario central vise plutôt 25 points de base.
D’autres nuages en vue
L’Europe, heureusement, a pris les devants en juin dernier (premier assouplissement depuis mars 2016) et devrait poursuivre dans cette voie, au rythme d’une baisse d’un quart de point par trimestre jusqu’à fin 2025, selon les économistes. Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, a déclaré dans un entretien au Monde qu’il existait un risque de se montrer trop restrictif. « Nous avons désespérément besoin de croissance en Europe et chaque retard que nous prenons sur ce terrain est un sérieux handicap », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, d’autres nuages risquent d’assombrir ce mois de septembre : la France, dont le déficit budgétaire se creuse et dont la dette est abyssale, n’est toujours pas gouvernée, ce qui pourrait accentuer le différentiel de taux entre les rendements à 10 ans français et allemand. Sans parler des tensions persistantes au Moyen-Orient et sur le front russo-ukrainien. Par chance, le baril de pétrole continue de s’infléchir. Il a touché un point bas annuel à 73,4$, compte tenu de la faiblesse de la demande énergétique en Chine, dont les derniers chiffres économiques sont alarmants et de la fin attendue des restrictions de production de la part de certains pays de l’OPEP +, tels la Libye ou les Emirats arabes unis.

Source Investir