Jour J pour la FED: 25 ou 50?

18/09/2024
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Le 18 septembre fera date. A l’issue de la réunion de son comité, ce soir à 18h GMT(20h en France), la Réserve fédérale américaine va assouplir sa politique monétaire pour la première fois depuis 2020. Cette détente intervient après un cycle de relèvements des taux, qui débuta le 16 mars 2022 pour s’achever le 26 juillet 2023. Entre ces deux dates, la Fed a augmenté onze fois le taux des Fed funds, les portant d’une fourchette de 0,25%/0,5% à 5,25%/5,50%, le niveau le plus haut depuis 23 ans. Ce fut aussi le durcissement de plus long et le plus spectaculaire depuis la grande dépression des années 30, une action nécessaire pour juguler l’inflation, elle aussi, record.
Desserrer la vis, oui, mais de combien, 25 ou 50 points de base? Jerome Powell voudrait entrer dans l’histoire, aux côtés d’Alan Greenspan, comme celui qui a également réussi à maîtriser la hausse des prix sans provoquer une récession. L’hypothèse d’un abaissement de 50 points de base serait de mise, au risque de laisser croire au danger d’un atterrissage brutal de l’économie. La Bourse en prendrait sans doute ombrage. Elle donne, en effet, l’impression qu’elle se soucie moins de la maîtrise de l’inflation, donnée pour quasi acquise, que d’un possible manque de croissance, synonyme de moindre progression des futurs bénéfices. Les derniers chiffres ont pourtant montré que l’inflation « core CPI » (hors matières premières agricoles et énergétiques) évolue toujours à 3,2%, loin de l’objectif des 2% de la Réserve fédérale. Du côté de l’emploi, le taux de chômage à 4,2%, le nombre de postes disponibles moins nombreux et la hausse des licenciements prouvent que le marché s’est normalisé après la surchauffe post-Covid. De plus, « sur les 40 dernières années, hors réunion d’urgence (comme pendant la Covid), la Fed n’a opté qu’à une seule reprise pour un geste de 50 points de base » précise Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. Malgré tout, la Bourse estime que c’est cette option qui sera choisie.
Un élan vers les actions
Une chose est sûre, quelle qu’en soit l’ampleur, le cycle de baisse des taux sera enclenché et « il va se traduire par une rotation des fonds monétaires. Il y a, selon Bloomberg, 6.300 milliards de dollars dans ces fonds (…), dont une partie va être redirigée vers les actions » estime Christopher Dembik. Selon lui, le secteur qui va bénéficier le plus de cette première baisse des taux sera la consommation discrétionnaire.
L’Europe est un peu en avance, puisqu’elle avait déjà agi en juin dernier (premier assouplissement depuis mars 2016) et qu’elle a renouvelé son geste la semaine passée. Les investisseurs tablent sur le rythme d’une baisse d’un quart de point par trimestre jusqu’à fin 2025. Le Vieux Continent n’a pas le choix, s’il veut retrouver un peu de croissance. Rappelons qu’au 2ème trimestre, le taux de croissance de la zone euro n’a été que de 0,2% et l’Allemagne a vu son PIB reculer sur la même période, de 0,1%.
Par ailleurs, le baril de pétrole continue de s’infléchir, à 73,10$, compte tenu de la faiblesse de la demande énergétique en Chine, dont les derniers chiffres économiques sont alarmants et de la fin attendue des restrictions de production de la part de certains pays de l’OPEP +.
Du côté des entreprises, Vinci annonce une hausse en août du trafic dans les aéroports et sur les autoroutes dont il a la concession et Carmat, le fabricant de cœurs artificiels, lance une nouvelle augmentation de capital à hauteur de 10,3 millions d’euros.

Source Investir