Ne pas sous-estimer le risque géopolitique

02/10/2024
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Finalement, le mois de septembre boursier, de triste réputation, n’a pas été si méchant cette année. Grâce au gain de la semaine dernière, le Cac 40 s’est retrouvé quasi à son niveau de fin août. Qu’en sera-t-il du mois d’octobre, alors que l’Iran a tiré hier 200 missiles sur Israël, en réponse à une offensive terrestre de l’Etat hébreu contre le Hezbollah ? Cette montée en puissance du conflit au Moyen-Orient, qui s’ajoute aux combats à Gaza, fait craindre un embrasement de toute la région.
L’éventualité d’un baril à 100 $
Antoine Andreani, directeur de la recherche chez XTB, fait très justement remarquer que les marchés ont, pour le moment, des œillères. Ni les places financières, ni le marché du pétrole n’ont tenu compte des risques géopolitiques, même si le Cac 40 a cédé un peu de terrain hier pour ces raisons. Les cours du brut ont certes progressé de 4 %, mais ils demeurent sous les 75 dollars. Jusqu’ici, les opérateurs sur le marché pétrolier ont jugé que le risque de ralentissement économique mondial prédominait par rapport aux futurs effets du plan de relance chinois. En outre, il se murmure que l’Arabie saoudite aurait besoin de dollars et serait prête à ouvrir davantage les vannes. L’expert de XTB fait aussi remarquer que « les positions spéculatives baissières sur le pétrole sont à des niveaux record ». Mais en cas de fermeture du détroit d’Ormuz, passage stratégique du commerce mondial de pétrole, le prix du baril pourrait s’envoler à 100 dollars… ce qui relancerait l’inflation des deux côtés de l’Atlantique.
Or, les politiques monétaires restrictives avaient permis de ralentir suffisamment la hausse des prix pour enclencher une baisse des taux d’intérêt : deux fois à hauteur de 25 points de base en Europe et une fois de 50 points de base aux Etats-Unis. Avant ces événements au Moyen-Orient, Jerome Powell, le président de la Fed, avait indiqué que si l’économie continuait d’évoluer comme attendu, il y aurait deux réductions supplémentaires d’ici à la fin de l’année pour un total de 50 points de base.
L’emploi américain scruté
Les marchés, eux, en veulent plus. Ils vont scruter les prochaines données sur l’emploi outre-Atlantique. Aujourd’hui, il faudra regarder le chiffre privé ADP des créations de postes, demain, les inscriptions hebdomadaires au chômage et surtout, vendredi, les statistiques officielles pour le mois de septembre. Les investisseurs chercheront à savoir si le marché du travail reste ou non solide. Des signes de ralentissement sont apparus cet été, mais la semaine dernière, les inscriptions sont tombées à leur plus bas niveau en quatre mois. « Si les chiffres publiés cette semaine sont bons et traduisent une résilience de l’emploi américain, cela pourrait obliger le marché à reconsidérer un peu ses anticipations de baisse de taux avec pour conséquence un rebond des taux américains et du dollar », souligne Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.
Du côté des valeurs, il faudra suivre le secteur de la défense et les pétrolières, recherchés hier à Wall Street. TotalEnergies sera sous le feu des projecteurs. Le groupe organise sa journée Investisseurs. La direction pourrait confirmer une future cotation principale à New York, pour favoriser une meilleure valorisation boursière.

Source Investir