Records à Wall Street mais garder un œil sur l’inflation américaine

13/11/2024
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Deux poids, deux mesures. Rarement le fossé entre Wall Street et la Bourse de Paris n’a été aussi large. D’habitude, l’envolée de la première profite à la seconde. Ce n’est plus le cas. Du côté américain, les indices volent de record en record (lundi, c’était le 51 ème sommet de l’année pour le Standard & Poor’s). Les investisseurs se réjouissent de la large victoire à la présidentielle du 5 novembre du candidat républicain, dont les poches sont pleines de promesses de baisses d’impôt. La question relative à une possible majorité démocrate à la Chambre des représentants ne perturbe pas les marchés outre-mesure. Ils ne redoutent pas particulièrement non plus l’éventualité d’une guerre commerciale totale, car « America First » leur convient très bien. Ils savent que les Etats-Unis dominent largement deux secteurs clés : la haute-technologie et l’intelligence artificielle (les « sept magnifiques » sont toutes des entreprises américaines) et l’énergie. Le pays est devenu, grâce aux gisements de schiste, le premier producteur mondial de pétrole et de gaz.
La seule question qui pourrait être posée est celle d’un retour de l’inflation, si les droits de douane devaient être fortement relevés. Il se murmure que ce sont des partisans d’une politiques ferme vis-à-vis de la Chine, qui sont pressentis pour des postes importants dans la prochaine administration (le secrétaire d’Etat ou le conseiller à la sécurité nationale). Si les importations de produits sensibles en provenance de Pékin devaient être taxées à 60% et celles venant d’Europe, de 10%, ces hausses seraient répercutées sur les prix de vente aux consommateurs. D’où une possible recrudescence de l’inflation. Les chiffres pour le mois d’octobre, attendus aujourd’hui, seront donc scrutés avec attention par les investisseurs. La Fed est très pragmatique. Elle qui a abaissé le taux des Fed funds de 25 points de base il y a une semaine (après 50 points de base en septembre), pourrait très bien interrompre sa politique d’assouplissement monétaire et passer son tour en décembre. C’est ce qui a poussé à des prises de bénéfices hier à Wall Street. 

L’Europe à la peine
De l’autre côté de l’Atlantique, la France fait pâle figure ! Ici, pas question de baisses d’impôts. Bien au contraire, on ne parle que de relèvements de nombreux prélèvements et de taxes de toutes natures, afin de boucler le budget 2025 et de faire baisser notre énorme déficit. De plus, notre vieille Europe ne peut même pas se targuer d’une certaine stabilité politique. Depuis la dissolution, la France peut devenir ingouvernable d’un moment à l’autre et depuis peu, l’Allemagne est également confrontée à une incertitude sur ce front. Du coup, l’Europe n’est pas en position de force face à l’hypothèse fort probable d’une augmentation des droits de douanes sur nos exportations vers les Etats-Unis. Certains secteurs en souffrent déjà en Bourse, notamment celui du luxe.
Nos champions nationaux sont actuellement également pénalisés pour une autre raison. Avant l’élection de Donald Trump, il se murmurait que Pékin allait sortir le grand jeu pour relancer son économie en cas de victoire du républicain (pour mieux résister en cas de guerre commerciale). Il n’en a rien été. Les mesurettes annoncées il y une semaine ne s’adressent même pas directement aux chinois, qui auraient bien besoin d’un soutien financier pour consommer.

Source Investir