Comme pour rappeler qui est aux commandes après avoir nommé Scott Bessent au poste de secrétaire au Trésor, un homme dont les marchés espèrent qu'il calme les ardeurs belliqueuses de son patron, Donald Trump a reparlé lundi soir de son sujet favori, les taxes douanières.
Délaissant X dont il a usé et abusé durant son premier mandat, le président-élu américain a menacé, sur son propre réseau social Truth Social, d'une augmentation des droits de douane sur les produits en provenance du Mexique, du Canada et de la Chine, dès son investiture comme 47e président, une politique en représailles à l'immigration clandestine, le crime et la drogue (en particulier le fentanyl, un opioïde de synthèse très puissant responsable de la mort de centaines de milliers d'Américains) qui traversent les frontières, a-t-il expliqué. Tant que ces problèmes perdureront, les importations chinoises se verraient imposer une surtaxe de 10 % et tous les biens en provenance du Mexique et du Canada seraient imposés à hauteur de 25 %, contrevenant à l'accord régional de libre-échange avec ses deux voisins. Ces trois pays sont les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, représentant environ 42 % des importations cette année jusqu'en septembre, selon les données officielles. « Le nouveau président est déjà dans l'action, mais cela pourrait n'être une surprise que pour ceux qui ont oublié la période 2016-2020 », a réagi Kieran Calder, responsable de recherche chez l'Union Bancaire Privée à Singapour. « C'est le style de négociation du président Trump : première étape, coup de poing au visage, deuxième étape, négocions ».
Soulagement relatif en Chine
Le coup de poing est relativement percutant pour le peso mexicain et le dollar canadien, tombés respectivement à un creux de deux et quatre ans. L'indice Nikkei japonais a perdu 0,9 % mais les actions chinoises, elles, sont stables. Les marchés s'attendaient à un mesure douanière contre la Chine mais surtout d'une ampleur plus importante, de 60 %, comme il l'avait promis durant la campagne. Et peut-être que cette nouvelle menace déclenchera une réponse de Pékin pour soutenir son économie. « Comparée à ce qu'il a imposé au Canada et au Mexique, l'ampleur (des droits de douane chinois) n'est pas si grande, de sorte que les investisseurs pourraient encore vouloir voir quelles seront les suites et quand/si les 60 % promis se concrétiseront réellement », a commenté Gary Ng, économiste senior chez Natixis.
Si l'Europe n'a pas été évoquée par Donald Trump, les investisseurs ne sont pas tranquilles pour autant. Les pays de la région ont tout à craindre de la future politique commerciale américaine, d'autant plus qu'ils ont enregistré un excédent de plus de 150 milliards d'euros en 2023 et que l'Allemagne est le quatrième partenaire des Etats-Unis. Les contrats à terme sur le Cac 40 perdent plus de 50 points. Ceux sur les indices américains sont peu changés au lendemain d'un record en clôture du Dow Jones et en séance pour le S&P 500.
Source Investir