Le grand écart entre Wall Street et Paris

27/11/2024
Thumbnail [16x6]

Il fut une époque où la vigueur de Wall Street dopait le Cac 40. Ce temps est révolu et 2024 en est la preuve, avec d’un côté des records à la pelle outre-Atlantique et de l’autre, une Bourse de Paris qui vient de perdre 7,8% en deux mois. Le Cac 40 qui cotait 7.804,6 points le 27 septembre, vient de redescendre sous les 7.200 points. Comment expliquer que le fossé se soit à ce point creusé ?
Les investisseurs se réjouissent de la large victoire de Donald Trump à la présidentielle du 5 novembre grâce à ses promesses de baisses d’impôt. Bien sûr, ses menaces réitérées mardi de hausse des droits de douane en janvier, ne les effrayent pas. En outre, ils ont apprécié la nomination de Scott Bessent au poste de secrétaire au Trésor. Un milliardaire à la tête du pays et un autre pour diriger l’économie et la finance, voilà qui est de bon augure pour les entreprises américaines déjà championnes dans des domaines clés comme la haute-technologie ou l’énergie. C’est à peine si le danger d’un retour de l’inflation (à cause notamment de l’augmentation des taxes qui sera répercutée sur les prix) est évoqué. En effet, les importations de produits sensibles en provenance de Pékin ne devraient pas être taxées comme anticipé à 60%, mais subir une augmentation de 10%. Les importations venant du Canada et du Mexique subiront une taxe de 25%. Il faudra suivre aujourd’hui la nouvelle estimation de la croissance du PIB américain au troisième trimestre, assortie de l’indice PCE d’inflation du mois d’octobre, le baromètre préféré de la Fed pour mesurer la hausse des prix. Cet indice devrait avoir légèrement augmenté d’un mois sur l’autre à 2,8% sur un an hors éléments volatils.
Hier soir, les minutes de la Fed  (réunion de début novembre) n’ont rien révélé de spécial. Les membres de la Réserve fédérale n’ont pas souhaité donner des indications trop précises sur la future orientation des taux. Pragmatiques, ils préfèrent juger au fur et à mesure des données économiques. Ils ont aussi souligné qu’il était difficile de discerner de vraies tendances compte tendu de beaucoup d’incertitudes. Certains participants ont prôné une poursuite de l’assouplissement et d’autres ont parlé de lever le pied. La Fed, qui a abaissé le taux des Fed funds de 75 points de base depuis septembre, devrait poursuivre en douceur, avec 25 points de base en décembre.

L’Europe délaissée
En Europe, ce n’est pas la même chanson. Même si Donald Trump n’a pour le moment cité que la Chine, le Canada et le Mexique comme les premiers pays à subir des hausses de droits de douane, l’Europe est sur la liste et viendra ensuite. De plus, pourquoi les investisseurs choisiraient-ils l’Europe, même si les marchés sont jugés peu chers ? D’abord il y a la question de la croissance économique. Hier championne, l’Allemagne subit un ralentissement sévère. La France ne vaut guère mieux, où il s’agit surtout d’obtenir le vote d’un budget pour éviter le chaos. En outre, les opérateurs détestent les incertitudes politiques. Or, depuis la dissolution, la France fait peur. Le gouvernement de Michel Barnier pourrait sauter d’un moment à l’autre, ce qui risquerait de « provoquer le chaos et des turbulences sur les marchés financiers », a-t-il déclaré. Le gouvernement allemand n’est pas dans une meilleure position sur ce plan-là non plus.
L’annonce d’une trêve entre Israël et le Hezbollah au Liban est la bonne nouvelle du matin. Les cours du pétrole s’infléchissent légèrement à 72,8$.

Source Investir