Le risque politique a fait son grand retour à la Bourse de Paris, et il a rythmé la séance de lundi. La grande crainte des marchés réside dans un possible - voire probable - renversement du gouvernement Barnier. Ce dernier a eu recours hier à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget de la sécurité sociale, s’exposant de facto au dépôt d’une motion de censure de la part du NFP qui sera discutée - et votée - mercredi ou jeudi.
Si le RN s’y associe, ce qu’il a annoncé, la France ne devrait plus avoir de gouvernement, et par conséquent plus de budget. Reste à savoir désormais dans quelle mesure ce risque, redouté depuis plusieurs jours, est intégré dans les cours.
La nervosité - et la défiance - des marchés se manifestent déjà. Le spread entre le Bund allemand et l’OAT française à 10 ans (les obligations d’Etat françaises et allemandes) s’est encore tendu pour s’élever à 88 points de base, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis 2012, et la crise des dettes souveraines en Europe, tandis que les titres des banques françaises, en raison de leur exposition à la dette hexagonale, ont encore reculé (Société Générale a perdu 2,61% et BNP Paribas 1,24%).
Le Cac 40 a de son côté limité la casse en clôturant sur une note stable (+ 0,02%, à 7.236,89 points). L’indice phare de la place parisienne a pu compter sur les valeurs du luxe, en verve. En revanche, comme attendu, la démission « surprise » de Carlos Tavares a fait dérailler le titre Stellantis qui a perdu 6,37%, revenant à un plus bas de quatre ans.
Acquisitions pour Legrand et Bureau Veritas
La séance d’aujourd’hui devrait s’avérer tout aussi nerveuse. Les statistiques du jour, les permis de construire d’août 2024 dans la zone euro, et les offres d’emploi du rapport Jolts en octobre aux Etats-Unis, ne devraient guère susciter l’attention. D’autant que le grand rendez-vous de la semaine outre-Atlantique est fixé à vendredi avec le rapport sur l’emploi. Un événement attendu alors que les investisseurs se demandent si la Fed ne va pas faire une pause dans sa politique d’assouplissement monétaire.
Côté valeurs, Worldline s’est distingué hier avec un bond de plus de 14% porté par une rumeur d’intérêt d’un fonds d’investissement. L’information n’a pas été confirmée, mais elle a du sens. De nombreuses valeurs moyennes sont sous-valorisées et elles pourraient intéresser les acteurs du private equity. Le marché était jusqu’à présent bloqué, avec peu de cessions d’actifs, mais des signes de redémarrage se font jour.
Avant l’ouverture du marché, Legrand et Bureau Veritas ont annoncé chacun une petite acquisition, pour le premier dans les centres de données en Amérique du Nord, pour le second dans la certification des groupes de luxe en Italie. Enfin, la Compagnie des Alpes a publié ses résultats pour l’exercice 2023/2024 (clos au 30 septembre). Sur la base d’un chiffre d’affaires (déjà connu) de 1,24 milliard d’euros, en progression de 10,1%, le bénéfice net a atteint 92,4 millions, en hausse de 2,3%. Le groupe, qui a atteint tous ses objectifs, se montre optimiste pour l’exercice en cours.
Source Investir