On entendait répéter, hier, que la chute du gouvernement Barnier était dans les cours. Elle est désormais dans les faits et il semble que les marchés aient décidé de marquer le coup tout de même. Les principales Bourses européennes sont attendues en recul à l'ouverture (-0,29% pour le CAC 40), les investisseurs se positionnant avec prudence après la censure du gouvernement, et alors que des indicateurs clés sont attendus vendredi avec, en particulier, la publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis.
La déstabilisation de la deuxième économie de la zone euro n’a rien d’anodin. « Les récents développements en France ne font qu'aggraver les vents contraires pour le pays et l'Union européenne en général », a estimé Bill Campbell, gestionnaire de portefeuille chez DoubleLine Capital, cité par l’agence Bloomberg. L’issue était attendue mais elle place de fait la France en terrain inconnu et remet en jeu les efforts visant à maîtriser un déficit qui devrait se creuser pour atteindre plus de 6 % du produit intérieur brut cette année, soit le double de la limite fixée par les règles de l'Union européenne. Face à un vide de perspectives d’amélioration du profil de la dette française, le spread (l’écart de taux) avec l’Allemagne a toutes les chances de filer vers les 100 points de base, après avoir atteint 90 points de base la semaine dernière, soit le niveau le plus élevé depuis la crise de la dette souveraine de la zone euro.
Sur la question du fonctionnement de l’Etat, des procédures existent pour assurer la continuité, mais le renversement du gouvernement suspend l’examen des textes budgétaires pour 2025. L’adoption d’un projet de loi de finances pour 2025 avant la date limite du 31 décembre est désormais très incertaine. Les rumeurs selon lesquelles le président Emmanuel Macron avait l'intention de nommer un nouveau Premier ministre rapidement vont être rapidement mises à l’épreuve de la réalité.
Journée sereine outre-Atlantique
Pendant ce temps, l’Amérique continue à afficher sa puissance, ce qu’illustrent les nouveaux records de clôture battus à Wall Street ainsi que les bonds boursiers spectaculaires de symboles de l’excellence américaine, comme le spécialiste du « cloud » informatique Salesforce (+ 11%) ou le fabricant de semi-conducteurs Marvell Technology (+ 23,2%), tous deux à leur plus haut niveau historique. A noter que Donald Trump a annoncé son intention de nommer l'avocat républicain Paul Atkins, favorable au développement des cryptomonnaies, à la tête de l'Autorité américaine de régulation des marchés financiers, la SEC. Au même moment, le bitcoin, la plus connue des cryptomonnaies, a franchi le seuil des 100 000 dollars.
C’était une journée sereine hier outre-Atlantique où Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, a estimé que l'économie des Etats-Unis va mieux qu'il n'y paraissait en septembre. Des commentaires qui annoncent peut-être plus de prudence dans les prochaines baisses de taux envisagées par la banque centrale américaine. En même temps, Jerome Powell a estimé que la Fed continuait à progresser dans sa lutte contre l’inflation, ce qui écarte le spectre d’un retournement de la tendance à assouplir la politique monétaire et constitue une bonne nouvelle pour les actions.
Du côté des entreprises on surveillera Airbus, qui annoncé son intention de supprimer 2 043 emplois dans sa branche défense et espace, soit 6% des effectifs de la division, un peu moins que le 2500 suppressions prévues au départ. Plus de la moitié des suppressions concerneront l'activité Space Systems. De son côté, le motoriste Safran tient aujourd’hui un séminaire investisseurs et prévoit une croissance du chiffre d'affaires d'environ 10% en 2025. On sera également attentif à Novartis, coté à Zürich, pénalisé pour n'avoir pas réussi à convaincre une cour d'appel américaine de ne pas bloquer le générique de l'Entresto, son traitement de l'insuffisance cardiaque.
Source Investir