Il n'y a pas eu de tempête en Bourse après la chute du gouvernement français. Au terme de cette séance de jeudi, au cours de laquelle le Premier ministre Michel Barnier a remis sa démission à Emmanuel Macron après avoir été renversé la veille au soir par une motion de censure votée par la gauche et l’extrême-droite, le Cac 40 a encore grignoté 0,37%, pour terminer à 7.330,54 points. Cette apparente sérénité du Cac 40, sur une série de sept séances dans le vert, reflète la conviction du marché que le président de la République nommera rapidement une nouvelle personnalité à la tête du gouvernement – ce qu’il a confirmé lors d’une allocution télévisée hier soir.
Alors que la Constitution prévoit qu’il ne peut y avoir de dissolution dans les douze mois qui suivent les dernières législatives, de nouvelles élections ne pourront pas être convoquées avant juillet prochain. C’est pourquoi l’Elysée a annoncé que les dirigeants du Parti socialiste seront reçus à l’Elysée ce vendredi, dans l’espoir d’élargir l’assise gouvernementale déjà composée des soutiens d’Emmanuel Macron (Renaissance, Modem et Horizons) et des Républicains. Dans l’attente, le président de la République a affirmé hier qu’une loi spéciale sera votée ces prochains jours pour reconduire le budget 2024 le temps que la mouture 2025 soit élaborée par le nouvel exécutif.
« La continuité du budget devrait réduire les inquiétudes des investisseurs concernant la stabilité fiscale à court terme, a commenté Claudia Panseri, directrice d’investissements chez UBS Global Wealth Management. En outre, les règles de l'Union européenne en matière de déficit contribueront à empêcher celui de la France de se creuser. Dans le pire des cas, la Banque centrale européenne pourrait contrer les augmentations soutenues des primes de risque sur la dette française. » Les agences de notation Moody's et S&P ont toutefois souligné que la situation politique va peser sur la consolidation des finances publiques du pays, dont le déficit excessif a déjà été épinglé par Bruxelles.
L’inflation aux Etats-Unis au programme
La semaine se terminera avec un grand rendez-vous. Les opérateurs prendront connaissance, à 14h30, des chiffres relatifs au marché du travail aux Etats-Unis. Le consensus Bloomberg table sur la création de 215.000 emplois dans le secteur non agricole au titre du mois de novembre. Le taux de chômage est attendu à 4,1% de la population active, comme en octobre, tandis que le salaire horaire moyen devrait s'être assagi, en hausse de 0,3% sur un mois et de 3,9% sur un an (contre respectivement +0,4% et +4% en octobre). « L'emploi avait quasi-stagné en octobre à cause des ouragans et de la grève chez Boeing. Il fallait minimiser le signal négatif le mois dernier, il faudra minimiser le signal positif cette fois-ci », commentait en début de semaine Oddo BHF.
Ces statistiques revêtent cela dit une importance particulière, puisqu’elles feront partie des données les plus fraîches dont disposera la Réserve fédérale américaine lors de sa réunion de politique monétaire des 17 et 18 décembre. Alors qu’une baisse de 25 points de base des taux directeurs est attendue à l’issue de celle-ci, les gouverneurs de la banque centrale se pencheront sur un autre indicateur publié cet après-midi : l’indice de confiance des ménages, tel que calculé par l’Université du Michigan. Cette première estimation pour décembre devrait laisser entrevoir une progression de 71,8 à 73,2 points. Pour autant, sa composante des anticipations de l’inflation à un an pourrait avoir réaugmenté à 2,7%, contre 2,6% en novembre, ce qui est moins favorable aux yeux de la Fed.
Au chapitre des entreprises, on surveillera l’accueil réservé par les investisseurs à l’annonce hier soir par le groupe Canal+ du retrait en juin de ses quatre chaînes payantes de la télévision numérique terrestre. Evoquant un accroissement des contraintes fiscales et réglementaires en France et le non- renouvellement de la fréquence de sa chaîne en clair C8, la filiale de Vivendi insiste que seuls 70.000 de ses abonnés (soit moins de 1% du total) regardent ses programmes par ce mode de réception. Le groupe espère pour rappel faire valider, ce lundi 9 décembre au cours d’une assemblée générale, son projet de scission en quatre entreprises cotées (Canal+, Havas, Louis Hachette Group et Vivendi).
Source Investir