Restée insensible, vendredi, à la nomination de François Bayrou poste de Premier ministre, la Bourse de Paris va-t-elle s’émouvoir de l’abaissement, par Moody’s, de la note de crédit de la France ? L’agence de notation n’a en effet guère laissé le temps au président du Modem (et 4e Premier ministre de 2024) de prendre ses quartiers à Matignon, vendredi, dégradant dans les heures suivant sa nomination la note souveraine de la France de Aa3 à Aa2, évoquant une « fragmentation politique du pays » peu propice au rétablissement rapide, pourtant nécessaire, des finances publiques.
Après avoir placé la note précédente de la France sous perspective négative fin octobre, Moody’s, qui classait jusqu’ici le pays légèrement au-dessus de ses concurrentes, les rejoint donc seulement quelques semaines plus tard : S&P classe pour rappel la France AA- avec perspective stable, et Fitch AA- avec perspective négative. Alors que l’éphémère gouvernement Barnier misait sur un déficit public de 6,1% du PIB cette année, et avait construit ses textes budgétaires sur la base d’un déficit de 5% en 2025, pour viser moins de 3% (limite tolérée par Bruxelles en 2029), Moody’s n’y croit pas, et anticipe de son côté un déficit public à 6,3% en 2025, puis 5,2% en 2027. « Si la capacité d’endettement est depuis longtemps un atout relatif de la France en matière de crédit, cet atout s’érode par rapport à ses pairs bénéficiant d’une note similaire », observe Moody’s. Le ministre de démissionnaire de l’Economie, Antoine Armand, a estimé dans un communiqué que la nomination de François Bayrou apportait « une réponse explicite » aux inquiétudes de l’agence de notation. Reste à savoir si les investisseurs seront du même avis.
Vers une baisse des taux de la Fed mercredi
L’actualité des marchés sera, par ailleurs, de nouveau marquée par de grands rendez-vous de politique monétaire cette semaine. Après la Banque centrale européenne, qui a annoncé une baisse des taux de 25 points de base la semaine dernière, ce sera au tour de la Réserve fédérale (Fed) américaine de se prononcer sur le loyer de l’argent mercredi. L’institution dirigée par Jerome Powell devrait, sauf surprise, poursuivre son assouplissement monétaire en cours, avec un nouvel abaissement de 25 points de base de ses principaux taux directeurs. Le lendemain, ce sera la Banque du Japon (BoJ) qui se réunira. Enfin, les opérateurs seront également attentifs aux éventuelles annonces de la Banque populaire de Chine, notamment concernant un ajustement des taux préférentiels à un et cinq an(s) des prêts.
Sur le plan politique, les investisseurs européens garderont également un œil sur l’Allemagne aujourd’hui, avec le vote de confiance (ou non) des députés à l’égard du chancelier Olaf Scholz, réclamé par ce dernier à la suite de l’éclatement de sa coalition gouvernementale en novembre. Le Bundestag devrait ainsi poser les jalons en vue d’élections anticipées, le 23 janvier prochain.
Le bitcoin à plus de 105.000 dollars
Loin de se préoccuper de l’instabilité politique en Europe, le bitcoin a profité du week-end pour établir de nouveaux records, s’échangeant à plus de 106.000 dollars dans la nuit de dimanche à lundi. Sur le front des valeurs, à Paris, les investisseurs surveilleront la première séance de cotation de Canal+, de Havas et de Louis Hachette Group, respectivement sur le London Stock Exchange, Euronext Amsterdam et Euronext Growth Paris, à la suite de l’adoption du projet de scission de Vivendi. Le conseil scientifique des indices étudiera mardi le cas de ce dernier, en vue de son maintien (ou non) au sein de l’indice phare de la Bourse de Paris, et communiquera sur son éventuel remplaçant le même jour après la clôture.
Source investir