L’appétit des investisseurs pour les actions américaines a pris fin en raison de la guerre commerciale de Donald Trump. C’est ce qu’assure dans une note UBS Wealth Management, qui souligne que la volatilité des marchés devrait croître sur une période prolongée. « Si ces tarifs douaniers persistent, l'économie va ralentir », a insisté auprès de Bloomberg Mary Ann Bartels, de Sanctuary Wealth, arguant que les investisseurs n’ont actuellement « nulle part où se cacher, sauf sur les marchés obligataires ». Le locataire de la Maison-Blanche a pour rappel fait des droits de douane un outil pour affirmer la puissance américaine, relancer l'industrie manufacturière et obtenir des concessions géopolitiques. Mais les économistes affirment que ses mesures déboucheront probablement sur une hausse des prix aux Etats-Unis et un ralentissement de la croissance, voire une récession.
Directeur des investissements du groupe Standard Chartered Wealth Management, Steve Brice prend cela dit le contrepied. Il estime que les investisseurs devraient « acheter la baisse » du marché, alors que le Dow Jones, le S&P 500 le Nasdaq ont respectivement perdu 4%, 5% et 6% hier en réaction aux annonces de Donald Trump. « Existe-t-il toujours un ‘Trump Put’ ? », s’est interrogé Steve Brice, en référence à une théorie selon laquelle le président américain abandonne ses politiques lorsque le marché bousier – qu’il présente comme son bulletin de note – chute sous le poids de l’inquiétude. Avant de donner son avis : « Je pense que c’est le cas. La question est de savoir quand cela se déclenchera. » Déjà, Donald Trump s’est dit ouvert à la réduction des tarifs douaniers dans le cas où d’autres Etats seraient en mesure d’offrir une contrepartie « phénoménale ».
Riposte et négociation
Dans l’attente, la riposte des partenaires commerciaux des Etats-Unis, unanimement sonnés par l’ampleur de l’offensive, s’organise. Emmanuel Macron a exhorté les entreprises à suspendre leurs investissements outre-Atlantique. Le président français fait également pression pour que l'Union européenne cible les entreprises technologiques américaines, et notamment leurs services numériques, en réponse aux tarifs douaniers de Trump. La Chine a également fait part de son intention de prendre des contre-mesures pour protéger ses intérêts. « Il faudra surveiller de près les représailles et rechercher tout signe de négociation », a déclaré Scott Berg, gestionnaire de portefeuille de la stratégie d'actions de croissance mondiale chez T. Rowe Price.
Déjà volatils, les marchés devraient rester fébriles ce vendredi dans l’attente du rapport sur l’emploi américain, attendu à 14h30. Selon le consensus Bloomberg, quelque 140.000 emplois devraient avoir été créés au mois de mars dans le secteur non agricole, contre 151.000 en février, pour un taux de chômage stable, à 4,1% de la population active. Le salaire horaire devrait, de son côté, s'être maintenu en hausse de 0,3% sur un mois et de 4% en rythme annuel. Les opérateurs scruteront par ailleurs le ton du président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, qui s’exprimera en fin d’après-midi dans le cadre d’une conférence dédiée aux perspectives économiques.
Au chapitre des entreprises, on surveillera l’accueil réservé à la confirmation par Sodexo, ce matin en marge de sa publication semestrielle, de son objectif d’une croissance organique annuelle de son chiffre d'affaires de 3% à 4%. Le groupe de restauration collective avait, pour rappel, abaissé ses prévisions il y a deux semaines, citant la dégradation de la conjoncture en Amérique du Nord, où il réalise la moitié de ses ventes. Il visait précédemment une croissance organique de 5,5% à 6,5%.
Source Investir