Du rouge, du rouge et encore du rouge. Quelques jours après la vaste guerre commerciale lancée par Donald Trump, qui a imposé des tarifs douaniers à la quasi-intégralité de la planète (à l’exception notable de la Russie), les marchés boursiers semblent voués à poursuivre leur violente chute survenue au cours des dernières séances. La semaine débutera en effet avec la mise en place effective d’une première série de droits de douane, ceux qui touchent les pays dont la taxe a été fixée par Donald Trump au seuil minimal de 10%. C’est notamment le cas du Royaume-Uni, du Brésil ou de l’Arabie saoudite. Pour ceux dont le taux est plus élevé, ou « personnalisé » selon les termes du locataire de la Maison Blanche, ce sera à compter de ce mercredi. L’Union européenne (20%) ou la Chine (34%) sont notamment concernées. Le lendemain, les représailles de Pékin, soit des taxes de 34 % sur tous les produits américains arrivant en Chine, entreront en vigueur.
Sonnés par la violence de cette guerre commerciale, les investisseurs tentent toujours d’en évaluer les lourdes conséquences. Celles-ci pourraient être désastreuses et plonger l’économie américaine (et mondiale) en récession dès cette année, avancent de nombreux experts. Les économistes de Goldman Sachs ont ainsi relevé, ces dernières heures, la probabilité d’une récession aux Etats-Unis dans les 12 mois de 20% à 45% - tout en indiquant qu’ils devront encore revoir à la hausse cette probabilité si les tarifs douaniers rentrent effectivement en application à partir de mercredi. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a toutefois douché ces espoirs en affirmant dimanche qu’il n’y avait « pas de report possible » de ces droits de douane.
La saison des résultats en ligne de mire
La politique commerciale menée par Donald Trump fait ainsi souffler un large vent de panique sur les marchés mondiaux, comme en témoigne le brusque rebond de la volatilité, avec un VIX (aussi surnommé « l’indice de la peur ») qui a clôturé la semaine dernière à son plus haut niveau depuis mars 2020. « Le marché haussier ('bull market') est mort », constate Mark Malek, directeur des investissements de Siebert Financial. Pessimiste, l’expert estime que « nous pourrions constater certains gains au fil des prochains jours, mais [que ceux-ci] ne seront pour l'instant pas durables ».
Les contrats à terme pointent à ce stade vers une nouvelle ouverture rouge vif de l’ensemble des marchés européens et américains, avec une baisse de plus de 2% attendue sur le Dow Jones, de plus de 3% sur le S&P et de plus de 4% sur le Nasdaq Composite. En France, le Cac 40 devrait encore céder environ 3% dans les premières cotations. Interrogé à ce sujet, Donald Trump a indiqué qu’il ne « pouvait pas dire ce qui arrive aux marchés », précisant qu’il ne « provoquait pas intentionnellement cette baisse ».
Celle-ci intervient en outre alors que s’apprête à débuter une nouvelle saison de résultats trimestriels, susceptible d’assombrir encore les perspectives à mesure que les sociétés réviseront (en baisse) leurs prévisions pour l’exercice en cours. Ce seront, comme à leur habitude, les fleurons américains de la finance qui ouvriront le bal des publications trimestrielles, JP Morgan Chase, Morgan Stanley et BlackRock devant dévoiler leurs comptes à fin mars dès vendredi. D’ici là, les investisseurs surveilleront attentivement les chiffres de l'inflation de mars aux Etats-Unis, qui seront dévoilés jeudi. Les données économiques seront néanmoins reléguées au second plan cette semaine, l’attention des opérateurs étant accaparée par les évolutions sur le front de la guerre commerciale.
A noter qu’aucun actif, sauf l’or, ne résiste à la panique généralisée, le bitcoin ayant également sensiblement reculé au cours du week-end, tandis que le pétrole (WTI) a chuté à moins de 60 dollars le baril pour la première fois depuis 2021, sur fond de craintes de récession.
Source Investir