De retour au-dessus des 7.850 points, le Cac 40 a retrouvé ses niveaux d’avant la déclaration de guerre commerciale par la Maison-Blanche le 2 avril dernier et affiche un gain de 6,5% depuis le début de l’année. En Europe, l’indice Dax, en hausse de 10% sur un mois et de 18% depuis le 1er janvier, vole de record en record depuis le 9 mai et, à Wall Street, les indices ont aussi effacé le traumatisme du Liberation Day de Donald Trump.
Privés d’oxygène par le brutal retour des Etats-Unis au protectionnisme, les investisseurs ont apprécié la récente désescalade des tensions entre Washington et Pékin, dont le bras de fer avait pris des proportions déraisonnables et intenables. Les deux partis ont décidé de ramener les surtaxes de 145% à 30% du côté américain et de 125% à 10% du côté chinois. Ces tarifs seront valables durant 90 jours, le temps de négocier les droits de douanes définitifs. « Nous avons le cadre d’un accord très solide avec la Chine », a déclaré Donald Trump, hier soir, sur Fox News.
L’incertitude freine les investissements
Mais attention. Ceci est un armistice, non un traité de paix. Les hostilités peuvent reprendre du jour au lendemain, au bon vouloir de l’une ou l’autre partie. En outre, les droits de douanes ont peut-être été réduits par rapport au niveau aberrant où ils avaient été portés, mais, à plus de 13% en moyenne, ils demeurent supérieurs à ce qu’ils étaient auparavant.
La question du ralentissement de la croissance américaine demeure posée. Ces accords éloignent peut-être le spectre de la récession, mais l’impact des nouveaux tarifs n’est pas encore visible dans les données économiques « concrètes », car les derniers chiffres ont été faussés par des stockages de précaution. Ce qui est certain, en revanche, c’est que l’incertitude incite les consommateurs à moins dépenser. Le baromètre qui mesure leur confiance a chuté en avril. De plus, si les chiffres de l’emploi le mois dernier étaient rassurants, il est probable que les prochaines embauches ralentissent, compte tenu du manque de visibilité. Les conditions ne sont pas remplies pour inciter les entreprises à accroître leurs investissements.
Concernant l’inflation américaine, les statistiques publiées hier n’ont pas montré de dérapage. La hausse des prix à la consommation d’avril a été de 0,2% contre 0,3% attendue par les économistes. Hors alimentation et énergie, l’inflation s’est établie à 2,8%, un niveau stable par rapport au mois de mars. Malgré tout, il est peu probable que la Réserve fédérale décide de passer à l’action et abaisse les taux d’intérêt en juin, lors de son prochain comité. Le marché table davantage sur un geste en septembre. Enfin, n’oublions pas que le marché américain demeure cher, à 21,2 fois les profits attendus du S&P 500 contre une moyenne de 19,2 sur dix ans.
Pertes réduites pour Bouygues
Dans l’agenda du jour, on ne trouvera que les stocks hebdomadaires de pétrole aux Etats-Unis. Les données plus intéressantes (ventes au détail américaines en avril) sont attendues demain.
Sur le front des entreprises, Bouygues a annoncé pour le premier trimestre un chiffre d’affaires de 12,6 milliards (+2,2%), un résultat opérationnel courant des activités de 69 millions et une perte nette de 123 millions (hors contribution exceptionnelle), soit un peu moins que les 146 millions d’il y a un an. Le groupe a maintenu ses prévisions pour 2025, c’est-à-dire qu’il vise « des ventes et un résultat opérationnel courant des activités en légère hausse ».
A l’issue de l’exercice clos le 31 mars, Alstom est sorti du rouge. Le groupe a publié un bénéfice net de 149 millions après une perte de 309 millions il y a un an, pour un chiffre d’affaires de 18,5 milliards, en hausse de 4,9%.
Source Investir