Le manque de statistiques va-t-elle remettre en cause une baisse des taux de la Fed ?

14/11/2025
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La réouverture va être progressive. Alors qu’un accord budgétaire a été adopté au Congrès mercredi soir, avant d’être promulgué dans la foulée par le président Donald Trump, l’administration fédérale américaine a enfin vu le bout du plus long « shutdown » de son histoire. Une période de 43 jours durant laquelle investisseurs et banquiers centraux ont navigué dans le brouillard, faute de données économiques officielles. Hier soir, un haut responsable à la Maison-Blanche a affirmé que le rapport sur l’emploi pour le mois d’octobre sera publié dans les prochaines semaines… mais qu’il comportera des lacunes. Si le voile sera levé sur les créations de postes, ce ne sera pas le cas du taux de chômage, les fonctionnaires n’ayant pas pu mener la traditionnelle enquête auprès des ménages.
Un nombre croissant de responsables de la Réserve fédérale ont signalé leur hésitation concernant des baisses de taux supplémentaires, incitant les marchés à la prudence – les grands indices de Wall Street ont perdu hier de 1,6% à 2,3%. Le niveau de l’inflation suscite des inquiétudes outre-Atlantique, alors que le marché du travail semble relativement stable après deux assouplissements de la politique monétaire. D'après l’outil FedWatch de CME Group, les opérateurs jugent désormais la probabilité d'une réduction des taux de 25 points de base à 52% en décembre, contre 70% il y a une semaine. « La question fondamentale est : l'inflation liée aux droits de douane est-elle transitoire ? », a déclaré à Reuters Jake Dollarhide, directeur général de Longbow Asset Management, affirmant que « dans les deux cas, baisse des taux ou non, le pari est risqué ».

Des données chinoises et européennes
Ce vendredi, les marchés prendront acte de la salve mensuelle de statistiques officielles chinoises. La production industrielle dans le pays a progressé en octobre de 4,9% sur un an, un rythme moins important que le mois précédent (+6,5%) et inférieur au consensus, qui ressortait à +5,5%. D'après le Bureau national des statistiques, les ventes au détail ont progressé de 2,9% le mois dernier, après une hausse de 3% en septembre. Les analystes anticipaient, en moyenne, une progression de 2,8% sur un an. Pour rappel, la consommation chinoise patine, étouffée par un moral des ménages en berne. « Depuis des mois, la demande intérieure montre une grande faiblesse, compensée par le commerce extérieur », a rappelé dans une note Oddo BHF, qui doute d'un rebond à court terme.
En Europe, l'estimation finale de l'inflation française sera dévoilée avant l'ouverture, puis plusieurs indicateurs en zone euro à 11 heures : balance commerciale, emploi et croissance économique du troisième trimestre. Le consensus Bloomberg anticipe un produit intérieur brut en hausse de 0,2% par rapport au trimestre précédent et de 1,3% en rythme annuel. Le rapport mensuel d'Eurostat sur le commerce extérieur de septembre pourrait confirmer le ralentissement de l'économie au sein de la zone euro. Il permettra aussi de déterminer si la Chine réoriente une part importante de ses exportations de produits bon marché des Etats-Unis vers l'Europe, en raison des droits de douane.

La cotation d’Ubisoft suspendue
Au chapitre des valeurs, on surveillera notamment l’accueil réservé à Alstom, qui a relevé hier après la clôture sa prévision de chiffre d'affaires pour l'exercice en cours, qui s’achèvera en mars 2026, après avoir enregistré une hausse de l'ensemble de ses activités au premier semestre et malgré un léger recul des prises de commandes. L'équipementier ferroviaire table désormais sur une croissance organique des facturations supérieure à 5%, contre une fourchette de 3% à 5% précédemment.
Ubisoft a, pour sa part, annoncé décaler de quelques jours la publication de ses résultats pour le premier semestre de son exercice qui s'achèvera fin mars 2026, initialement prévue hier soir. L'éditeur de jeux vidéo a demandé à Euronext de suspendre, dans l’attente de cette dernière, la cotation de ses actions et de ses obligations à compter de l'ouverture des marchés ce vendredi.

Source Investir