Nvidia mercredi, ça passe ou ça casse
Rarement une publication aura été attendue avec autant de fébrilité. Nvidia, le concepteur de processeurs indispensables au développement de l’IA, va annoncer ses résultats trimestriels mercredi 19 novembre. Ça passe ou ça casse. Jusqu’içi, 90% des entreprises du S&P 500 ont annoncé des profits supérieurs aux attentes, confirmant la bonne tenue des marges malgré l’avalanche des droits de douane.
Des investissements gigantesques
Reste que le danger guette. Les montants gigantesques engagés dans l’IA inquiètent, car ils pourraient ne pas être rentables et surtout, le modèle d’investissement est circulaire : par exemple, Nvidia investit dans OpenAI, qui lui achète des puces à prix réduit pour ses data centers. Il y a une dépendance trop forte entre les fabricants de puces, les fournisseurs de cloud et les développeurs d’algorithmes. Le risque est donc concentré sur quelques acteurs. Si l’un d’eux tombe, il risque d’entraîner les autres, puis toute la cote. Après leur envolée, les dix plus grandes capitalisations (les entreprises high tech) de Wall Street représentent à elles seules plus de 40 % du S&P 500, rendant l’indice vulnérable à tout repli des valeurs de la tech. Après la phase d’euphorie liée à l’engouement pour l’IA, vient la période de vérification : Nvidia ne devra pas décevoir.
Des milliers de données à décrypter
Par ailleurs, les investisseurs sont dans le brouillard à propos de l’état de santé de l’économie américaine. La Réserve fédérale manque cruellement de visibilité pour décider si oui ou non elle va à nouveau abaisser les taux d’intérêt d’un quart de point. Il y a un mois, le marché était certain qu’elle allait agir. Désormais, c’est beaucoup plus incertain. Il lui faut être sûre que l’inflation est bien maîtrisée et que la conjoncture manque de tonus. Or, depuis plus de 43 jours, aucune statistique officielle n’est publiée. En outre, la fin du shutdown ne signifie pas un retour immédiat à la normale de l’appareil administratif américain. Les employés fédéraux vont devoir traiter une énorme masse de données et les analyser va prendre du temps. Les décideurs devraient donc rester encore un moment sans visibilité. Aussi, il est peu probable que la Fed prenne le risque d’un assouplissement monétaire supplémentaire à l’issue de son comité du 10 décembre.
Et si l’inflation était maîtrisée ?
Cela dit, selon la note de Cité Gestion datée du 14 novembre, les loyers américains ont cassé une dynamique de croissance vieille de 15 ans, avec une baisse mensuelle de 0,3%. Quoique faible, ce recul est le plus important depuis la crise financière. « Quand on sait que le logement pèse plus de 44% dans le CPI (indicateur d’inflation), cette décélération devient un élément décisif pour la trajectoire des prix et signifie donc mécaniquement moins de pression à la hausse sur l’inflation », explique Cité Gestion.
Vendredi, Wall Street a terminé sans réelle tendance. Le Nasdaq a toutefois relevé la tête à la clôture, mettant fin à une série de trois séances de baisse d’affilée, mais la semaine a été négative, tout comme la précédente, prouvant que les investisseurs sont sur leurs gardes.
Source Investir