Secouée la semaine dernière par les discours plus restrictifs que prévu des banquiers centraux, plus particulièrement par celui délivré par le patron de la Fed Jerome Powell, la Bourse de Paris devrait entamer cette dernière semaine de septembre sur une note prudente, dans l’attente de précisions sur les intentions des responsables monétaires, dépendants de l’évolution des données économiques. Au sortir d’une quinzaine marquée par une nouvelle hausse de 25 points de base des taux de la BCE et par une « pause agressive » de la Fed, les opérateurs se concentreront donc ces prochains jours sur les trois prises de parole programmées de Christine Lagarde (aujourd’hui à 15h, puis vendredi à 9h40 et 18h), ainsi que sur celle de Jerome Powell (jeudi à 22h) pour tenter d’y déceler des indices quant aux prochains mouvements sur les taux.
Dans ce contexte, les investisseurs garderont un œil attentif sur l’évolution du marché obligataire, où les obligations américaines à 10 ans des bons du Trésor américain a dépassé les 4,4% en fin de semaine dernière, au plus haut depuis fin 2007, en réaction à la perspective de taux maintenus « plus haut et plus longtemps » par la Fed. Outre Jerome Powell, de nombreux autres responsables de l’institution monétaire s’exprimeront à l’occasion d’événements publics cette semaine, et seront au centre de l’attention. Les investisseurs surveilleront également la publication des données mensuelles sur l’inflation aux États-Unis et évalueront l’impact probable d’un éventuel « shutdown » du gouvernement américain. La perspective d’une nouvelle fermeture partielle des administrations fédérales américaines au 1er octobre a de fait pris de l’épaisseur la semaine dernière, alors qu’une majorité d’élus de la Chambre des représentants, à majorité républicaine, s’est opposée pour la troisième fois au vote d’un texte sur les dépenses de défense.
Prudence toute
« Le sentiment reste encore fragile avec des messages sur les taux qui se répercutent sur l’ensemble des marchés », écrit Redmond Wong, stratège de marché chez Saxo Capital Markets HK Ltd, dans une note matinale. Et l’expert craint que la perspective d’un « shutdown », à laquelle s’ajoute la grève des Travailleurs unis de l’automobile « ne puissent ébranler encore davantage ce sentiment cette semaine ». De nouvelles données relatives à l’évolution des prix à la consommation sont également attendues en Europe cette semaine, avec la publication d’indices IPC en Allemagne et en Espagne ce jeudi, avant la France vendredi.
Et alors que les banquiers centraux ont prévenu qu’ils devraient maintenir une politique restrictive plus longtemps qu’escompté par les marchés, ces derniers continueront à suivre les mouvements sur les marchés pétroliers où les cours atteignent des sommets depuis près d’un an à plus de 90 dollars par baril, ajoutant encore aux pressions inflationnistes persistantes. À quelques semaines du lancement d’une nouvelle saison de résultats trimestriels, ceux du troisième de l’année fiscale s’achevant ce vendredi, l’actualité devrait en revanche être timide sur le front microéconomique. Seules quelques publications importantes sont prévues à Wall Street, avec le spécialiste des semi-conducteurs Micron qui dévoilera les comptes de son quatrième trimestre mercredi, avant Accenture (quatrième trimestre également) et Nike (premier trimestre) jeudi.